Alkarama for Human Rights s'est adressée à Madame Louise Arbour, Haut Commissaire aux droits de l’homme lui demandant d'intervenir dans le cas de M. Issam Al Uteibi, détenu depuis fin novembre 2002, acquitté fin 2004 et maintenu en détention sans procédure légale depuis. Il a entamé une grève de la faim illimitée le 15 mai 2007.
Le 17 avril 2007 Alkarama for Human Rights avait saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire pour demander que celui-ci mène une action urgente demandant aux autorités jordaniennes la libération immédiate de Mohamed Tahar Al Barqaoui AL UTEIBI. (Communiqué du 17 avril 2007 )
Issam Ai Uteibi, né le 07 mars 1959 à Barqa, écrivain et théologien connu en Jordanie et dans le monde arabe a été arrêté le 28 novembre 2002 avec 11 autres personnes sous l’accusation de « complot en vue de commettre des actions terroristes ».
Cette arrestation était intervenue à la suite de ses déclarations aux médias jordaniens et arabes et de ses prises de position sur l’Intifadha dans les territoires palestiniens occupés et sur la politique américaine dans le monde arabe. Son arrestation est incontestablement liée à l’expression pacifique de ses opinions politiques.
Déféré devant la Cour de sûreté de l’Etat, juridiction d’exception, il a pourtant été acquitté par jugement rendu le 27 décembre 2004. Il n’a cependant pas été libéré mais transféré vers un centre de détention secret où il a été détenu sans nouvelle inculpation du 27 décembre 2004 au 28 juin 2005, soit pendant 06 mois au cours desquels il a été torturé à plusieurs reprises.
Libéré à cette date, il a accordé une interview à la chaîne satellitaire Al Jazeera le 04 juillet 2005 dans laquelle il a exprimé sa condamnation de l’occupation militaire américaine en Irak. Le lendemain 05 juillet 2005, il a de nouveau été arrêté.
M. Merouane Al Maacher vice-premier ministre et porte-parole du gouvernement s’est contenté pour justifier cette nouvelle arrestation, de déclarer à la télévision publique que celle-ci avait fait suite « à ses contacts avec des entités étrangères, en dehors de la Jordanie, considérées comme terroristes.»
Sa famille restée sans nouvelle de lui pendant près d’une année a ensuite été autorisée par les services des renseignements généraux à lui rendre visite. Elle a appris ainsi qu’il était détenu au centre de la direction générale des renseignements dans des conditions particulièrement pénibles, qu’il avait été torturé et qu’il continuait à faire l’objet de mauvais traitements. D’autre part, sa famille a été informée qu’il n’avait jamais fait l’objet d’une procédure légale et qu’il demandait en vain à constituer un avocat pour l’assister mais que cela lui avait été constamment refusé.
Elle a donc constitué Me Majeed Al Fitaoui, avocat pour l’assister et entamer toute procédure de droit utile. Le procureur général, M. Fouaz Al Atoum a alors appelé la famille de M. Al Uteibi le 18 avril 2007 pour lui affirmer que celui-ci ne souhaitait pas constituer cet avocat et qu’elle devait par conséquent en choisir un autre.
A la visite suivante, la famille de M. Al Uteibi a appris que celui-ci n’avait jamais fait une telle demande et qu’il persistait à choisir lui même Me Majeed Al Fitaoui, ce que le parquet général a ensuite refusé.
A sa visite dans la première semaine du mois de mai, la famille de M. Al Uteibi a appris que celui-ci avait été violemment battu dans sa cellule le 25 avril 2007 pour avoir persisté à réclamer ses droits à être présenté devant un juge si des faits répréhensibles étaient retenus contre lui. Il avait aussi décidé que si ses demandes n’étaient pas satisfaites il entamerait une grève de la faim illimitée à partir du 15 mai.
M.Al Uteibi est aujourd’hui en grève de la faim illimitée depuis le 15 mai 2007, soit depuis 03 semaines et sa famille craint pour sa vie en raison de la dégradation de son état général.
L'Etat jordanien est partie au Pacte international relatif aux droits civils et se doit de respecter ses obligations internationales en faisant cesser la détention au secret et sans procédure légale de M. Issam Al Uteibi. C’est la raison pour laquelle Alkarama for Human Rights a sollicité la Haut Commissaire aux droits de l’homme lui demandant d'intervenir auprès des autorités gouvernementales de Jordanie.