Alkarama s'est adressée le 23 juillet 2009 à l'Union interparlementaire (http://www.ipu.org/french/home.htm) pour lui demander d'ouvrir une enquête préliminaire sur les circonstances de la mort de M. Al-Obaidi. Les autorités irakiennes ont elles aussi diligenté une enquête, et l'Union devrait leur demander à être informée de toute évolution dans cette affaire.
M. Hareth Al-Obaidi, né en 1966, était membre sunnite du Conseil des Représentants et depuis mai 2009 chef du Front de la concorde nationale. Il a également été vice-président de la commission parlementaire des droits de l'homme et à ce titre, il a récemment demandé une enquête à grande échelle à propos des allégations d'abus et de torture dans les prisons. Il avait critiqué les violations des droits humains commises par les forces de sécurité irakiennes dans les centres de détention.
Afin de mener à bien cette enquête, il avait, la veille de son assassinat, annoncé son intention de convoquer les ministres de l'Intérieur, de la justice et de la défense pour répondre aux questions à ce sujet. M. Ayad al-Samarraie, l'actuel Président du Parlement a décrit M. Al-Obaida comme étant "le membre du Parlement le plus actif dans la défense des droits de l'homme".*
M. Al-Obaidi a quitté la mosquée Al-Shawwaf, située à Al-Yarmouk à l'ouest de Bagdad, après y avoir donné un sermon, vendredi 12 juin 2009, quand un agresseur non identifié l'a tué ainsi qu'un de ses collaborateurs avant d'être lui-même tué peu de temps après. Il a été signalé que M. Al-Obaidi avait dans son sermon soulevé la question des abus dans les prisons. M. Al-Obaidi est l'un des trois parlementaires qui ont été tués depuis l'élection du Parlement en 2005.
Il a été rapporté que M. Ahmed Abed Oweiyed, commandant adjoint de la branche militaire d'Al-Qaida en Irak, aurait été arrêté, soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat de M. Al-Obaidi.
Ce n'est pas la première fois qu'un parlementaire préoccupé de la question des droits de l'homme fait l'objet de violations. Nous rappelons en particulier le cas de M. Mohammed Al-Dainy, lui aussi député du Parlement irakien, qui en tant que membre de la même commission parlementaire des droits de l'homme a également été très actif dans la dénonciation des violations des droits humains dans les prisons irakiennes. M. Al-Dainy s'est vu retirer son immunité parlementaire et il est actuellement faussement accusé d'activités terroristes.
Alkarama demande donc à l'Union parlementaire d'ouvrir une enquête sur l'assassinat de M. Al-Obaidi mais aussi de rappeler aux autorités irakiennes leur obligation de garantir les droits à la vie et à la sécurité soulignés dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques que l'Irak a ratifié le 25 janvier 1971.
En particulier, nous demandons aux autorités irakiennes de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité aux autres membres du Parlement engagés dans la défense des droits de l'homme en Irak.
* Iraqi Lawmaker is Buried in State Funeral, Nada Bakri, The Washington Post, 14 juin 2009