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Alors que l’Examen Périodique Universel (EPU) de Djibouti vient de s’achever au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies (CDH ), de nombreuses préoccupations demeurent quant à la volonté politique des autorités d’apporter une amélioration significative des droits de l’homme dans le pays. Bien que les recommandations formulées par de nombreux Etats intervenants reflètent les problématiques soulevées par Alkarama dans son rapport et son briefing aux représentations étrangères à Genève, les réponses apportées par la délégation demeurent en deçà des attentes de la société civile.

Alkarama avait soulevé les cas d’arrestations arbitraires ainsi que les témoignages récurrents de détentions au secret, de torture et de mauvais traitements et les conditions inhumaines de détention. A ce titre, nous avions rappelé la nécessité pour Djibouti de ratifier les instruments internationaux qui permettraient de prévenir et mettre fin à de telles violations.

Nous avions notamment souligné l’importance du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (OpCAT), qui impose aux Etats parties de mettre en place des mécanismes indépendants de plaintes et de contrôle des lieux de détention pour prévenir la torture, ainsi que la Convention Internationale pour la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée (CIPPDF), qui permettrait également de prévenir les détentions au secret. De nombreux Etats, tels que l’Uruguay, la Slovénie, l’Espagne ou encore le Kenya, ont recommandé l’accession à l’OpCAT ainsi qu’à la CIPPDF tandis que d’autres ont encouragé Djibouti à adresser une invitation permanente aux procédures spéciales habilitées à entreprendre une visite du pays pour évaluer la situation des droits humains relevant de leurs mandats respectifs.

La question des représailles contre les acteurs de la société civile, notamment les journalistes, bloggeurs, activistes, défenseurs des droits de l’homme et opposants politiques avait été soulevée par plusieurs ONG dont Alkarama. Nous nous félicitons à ce titre que de nombreux Etats aient exprimé leurs préoccupations face aux arrestations arbitraires et autres mesures restreignant considérablement l’espace de la société civile à Djibouti. La plupart des Etats européens, ainsi que les Etats-Unis, le Canada, l’Argentine ou encore la Zambie et le Burkina-Faso ont ainsi recommandé à Djibouti d’assurer en droit et en pratique le respect des libertés fondamentales dont la liberté d’expression, la liberté d’association et de rassemblement pacifique, la liberté d’accès à l’information ainsi que le droit de participer librement aux affaires publiques du pays. L’Irlande a notamment exprimé son regret quant aux mesures de représailles prises contre M Kadar Ibrahim, défenseur des droits de l’homme qui a été arrêté, interrogé par des agents du Service de la documentation et de la sécurité́ dès son retour de Genève, suite à sa participation à la pré-session de l’EPU. Les agents lui ont également confisqué son passeport sans donner de raisons, le privant ainsi de toute possibilité de voyager hors du pays.

Alors que les cas de représailles ont été rapportés par plusieurs ONG djiboutiennes et internationales, la délégation a nié ces pratiques, affirmant que « la liberté de la presse est garantie » mais qu’en raison « de la situation géographique du pays et des problèmes d’extrémisme et de terrorisme » l’Etat devait « rester vigilant ».  

Khadidja Nemar, responsable régionale pour le Nil et l’Afrique du Nord a estimé que « les déclarations de la délégation djiboutienne consistant à nier les violations aux droits et libertés fondamentales à Djibouti ou à les justifier par la situation géographique du pays et la nécessité de combattre le terrorisme montrent d’une part qu’il est nécessaire pour la société civile locale et internationale de rester vigilante face à de tels discours et aux abus qu’ils permettent et, d’autre part, que les Etats disposant de bases militaires dans le pays ne devraient pas faire passer leurs intérêts stratégiques et sécuritaires avant les droits et libertés fondamentales des djiboutiens ».

Pour plus d’informations ou une interview, veuillez contacter media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 10 08).