Etats-Unis et Emirats arabes Unis: Arrestation et détention arbitraire de Naji Hamdan aux Emirats

Mr. Naji HamdanAlkarama a adressé une communication au Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, au Rapporteur spécial sur la torture et au groupe de travail sur la détention arbitraire au sujet de Naji Hamdan, ressortissant américain d'origine libanaise, détenu à Abu Dhabi (Emirats arabes unis), apparemment à la demande des autorités américaines.

M. Naji Hamdan, âgé de 43 ans, a émigré dans les années 80 du Liban vers les Etats-Unis où il a obtenu la nationalité américaine. Manager d'une entreprise commerciale, il a décidé en 2006 de s'établir aux Emirats arabes unis pour développer ses activités et a installé sa famille au Liban.

En 2007, alors qu'il se rendait aux Etats Unis pour des raisons professionnelles, il a été placé sous étroite surveillance par le FBI. Il a été plusieurs fois convoqué par l'agence fédérale et interrogé sur son activité professionnelle et ses voyages vers le Liban et les Emirats arabes unis.

En janvier 2008, alors qu'il se rendait de Dubai vers le Liban, il a été arrêté à l'aéroport de Beyrouth et détenu pendant 4 jours par les services de renseignements libanais. Il a subi des tortures et des mauvais traitements et a été interrogé sur ses voyages et son activité professionnelle.

Son fils aîné Khaled, âgé de 16 ans, a lui aussi été arrêté et interrogé pendant plusieurs heures à propos de son père. Il a été confronté à son père sur son lieu de détention, de sorte qu'il a pu voir les traces des mauvais traitements qu'il avait subis ce qui a particulièrement choqué M. Naji Hamdan. Ce dernier a été libéré après 4 jours et plus tard, il s'est avéré que cette arrestation avait fait suite à une " requête étrangère ". M. Hamdan est reparti vers les Emirats arabes.

Début août 2008, des agents du FBI l'ont contacté par téléphone et lui ont demandé de les rencontrer à l'ambassade des Etats Unis à Abu Dhabi. Il a une nouvelle fois été longuement interrogé par deux fonctionnaires américains.

Trois semaines plus tard, le 29 août 2008, M. Hamdan a été arrêté à son domicile par les services de renseignements émiratis ; il a été détenu au secret pendant trois mois sans possibilité de contact avec le monde extérieur à l'exception d'un appel téléphonique à son épouse et la visite le 19 octobre 2008 du consul américain.

Le 18 novembre suivant, une plainte a été déposée contre le gouvernement américain par la famille de la victime, soutenant qu'il avait été arrêté et détenu au secret par les autorités émiraties sur ordre du gouvernement américain.

Le 26 novembre 2008, M. Hamdan a été transféré à la prison Al Wathba à Abou Dhabi où il attend d'être jugé par la Cour suprême en charge des affaires de terrorisme. Les décisions de cette juridiction ne sont pas susceptibles d'appel et il encourt une peine de prison à perpétuité.

Le 2 décembre 2008, il a pu pour la première fois parler au téléphone à son frère qui réside aux Etats-Unis. Il lui a fait part des graves tortures qu'il a subies de la part des membres des services de renseignement émiratis.

Il a été notamment détenu dans une chambre froide souterraine et régulièrement battu, en particulier sur la plante des pieds (fallaqa). Il a été totalement privé de sommeil pendant de longues périodes et menacé de représailles contre les membres de sa famille s'il ne confirmait pas les charges retenues contre lui.

Durant sa détention au secret, il a été interrogé par un agent, dont il n'a pu voir le visage, lequel parlait l'anglais sans aucun accent et qui lui a posé les mêmes questions que celles précédemment posées par les agents du FBI. Après 89 jours de ce traitement inhumain, M. Hamdan, se trouvant dans un état physique et psychologique désastreux, a été forcé de signer des documents préparés à l'avance contenant de fausses déclarations.

Le 3 décembre 2008, le consul américain lui a rendu visite une seconde fois à la prison Al Wathba. M. Hamdan lui a rapporté en détail le traitement et les tortures qu'il a subis.

Et le 19 décembre 2008, M. Hamdan a informé sa famille qu'il avait reçu la visite d'un avocat qui a pu consulter son dossier sans qu'il ait cependant été autorisé à le photocopier ou prendre des notes. Il a confirmé que M. Hamdan avait été torturé.

Alkarama qui a soumis le cas de M. Hamdan à plusieurs procédures spéciales de l'ONU souhaite attirer ainsi l'attention des experts titulaires de mandat sur la question de la sous-traitance de la torture et des graves violations des droits de l'homme sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, et ce, dans la lignée du programme des " restitutions " conduit par les États-Unis d'Amérique et auquel plusieurs Etats arabes, comme les Emirats arabes unis, ont collaboré activement.