Alkarama a appris que M. Abdul Khaleq, l'un des "UAE5" -un groupe de cinq défenseurs des droits de l'homme connus pour leurs critiques du gouvernement qui ont été soumis à un procès inéquitable l'année dernière, aux Émirats Arabes Unis ; a à nouveau été arrêté le 22 mai 2012.
M. Abdul Khaleq serait maintenant détenu à la prison Al Sadr en vue de son expulsion imminente vers l'archipel des Comores.
M. Ahmed Abdul Khaleq Ahmed Karim Al Baloushi, mieux connu sous le nom d'Ahmed Abdul Khaleq, avait été arrêté auparavant en même temps que quatre autres individus après avoir critiqué publiquement les politiques du gouvernement. Le 27 novembre 2011, à la suite d'un procès inéquitable devant la Cour suprême fédérale émiratie, cet ex-policier de 35 ans avait été condamné à 2 ans d'emprisonnement. Le lendemain, M. Abdul Khaleq et quatre autres hommes recevaient le pardon royal et étaient, par la suite, relâchés.
Les critiques de M. Abdul Khaleq concernaient en particulier la gestion de la situation des « Bidounes » aux Émirats. « Bidoune » (ou « sans nationalité » en arabe) est un terme utilisé dans la région du Golfe faisant référence aux gens qui n'ont pas de nationalité officielle et sont de ce fait des apatrides. Les estimations sur le nombre total de bidounes aux E.A.U. varient de 10 000 selon le gouvernement à 100 000, selon les ONG pour les droits de l'homme. M. Khaleq est lui-même sans nationalité, et a par conséquent, spécialement abordé la question du traitement de ces personnes dans le pays.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'une des stratégies adoptées par les autorités émirats pour résoudre la question des apatrides était de demander aux membres des communautés bidounes d'obtenir une nationalité autre que la nationalité émiratie pour pouvoir ensuite faire une demande de résidence pour « légaliser » leur séjour aux E.A.U. Cette mesure a été adoptée bien que ces familles vivent sur le territoire des Émirats depuis des générations. L'archipel des Comores est l'un des rares pays qui acceptent ces demandes de nationalité après avoir reçu des sommes d'argent considérables de la part des Émirats en 2009.
Début 2012, lorsque M. Abdul Khaleq et sa famille ont subi des pressions de la part des autorités émiraties pour demander la citoyenneté comorienne en tant qu'étape préliminaire pour « régulariser » leur situation aux Émirats, ils ont suivi les ordres. Le 21 mai 2012, ils ont été notifiés que leur demande de citoyenneté comorienne avait été acceptée.
Le 22 mai 2012, le père de M. Abdul Khaleq devait se présenter en personne au département de l'immigration de l'Émirat d'Ajman afin de remplir des papiers. À son arrivée, on lui a donné l'ordre d'appeler les autres membres de sa famille pour qu'ils se présentent eux aussi aux autorités. Lorsque la famille est arrivée aux bureaux de l'immigration, M. Ahmed Abdul Khaleq a été emmené dans une destination inconnue et sa famille a été priée de partir. Ni M. Abdul Khaleq, ni sa famille n'ont reçu d'explications pour les raisons de son arrestation ou n'ont vu de mandat d'arrêt.
Depuis le jour de son arrestation illégale, il y a une semaine, M. Abdul Khaleq aurait été détenu à la prison Al Wathba d'Abu Dhabi avant d'être transféré à la prison Al Sadr le 24 mai 2012, pour préparer son expulsion vers l'archipel des Comores. N'ayant aucune nouvelle concernant sa situation actuelle malgré de nombreuses tentatives d'entrer en contact avec les autorités locales, ainsi que la direction de la prison, il existe des craintes quant à la déportation effective de M. Abdul Khaleq vers les Comores ; un endroit où il n'est jamais allé et avec lequel il n'a aucun lien.
Étant donné que l'expulsion imminente de M. Abdul Khaleq est clairement liée à l'exercice du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Alkarama exhorte les autorités des émirats à cesser immédiatement toute procédure en vue de la déportation de M. Khaleq vers l'archipel des Comores. De plus, sa détention étant tout à fait illégale, nous demandons également aux autorités émiraties de libérer immédiatement et sans conditions M. Abdul Khaleq afin de régler sa situation conformément à la loi nationale et aux standards internationaux concernant la détention et le procès équitable. Aujourd'hui, Alkarama a informé le Rapporteur spécial des Nations unies sur la protection et la promotion de la liberté d'opinion et d'expression, ainsi que les mécanismes des Nations unies relatifs aux droits de l'homme concernés, du risque d'expulsion de M. Abdul Khaleq. Puisque l'arrestation de M. Abdul Khaleq survient dans le contexte d'une campagne plus large contre les activistes politiques et les défenseurs des droits de l'homme dans les Émirats, Alkarama continuera de surveiller de près la situation.