
Le 17 juillet 2025, Alkarama a soumis sa contribution dans le cadre du quatrième cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Liban, qui se tiendra à Genève du 3 au 14 novembre 2025 devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Ce rapport, qui met en évidence les violations des droits fondamentaux documentées depuis le dernier cycle de 2020, adresse aux autorités libanaises des recommandations pertinentes.
L’EPU est un mécanisme du Conseil des droits de l’homme qui examine, tous les quatre à cinq ans, la situation des droits humains dans chaque pays membre de l’ONU. Dans ce cadre, Alkarama a contribué à l’évaluation du Liban en se basant sur ses activités de documentation et de plaidoyer menées depuis de longues années.
Torture, répression judiciaire et conditions inhumaines de détention
Dans son rapport, Alkarama a dénoncé la persistance de la torture, malgré son interdiction par le droit national et les engagements internationaux du Liban. La torture reste couramment utilisée, notamment en garde à vue, pour obtenir des aveux. En 2024, Alkarama a soumis au Sous-Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture un rapport soulignant le caractère systématique de ces pratiques, ainsi que l’inaction du Mécanisme national de prévention pourtant mis en place légalement depuis 2016 mais toujours non opérationnel.
Alkarama a également alerté sur les conditions inhumaines de détention, en particulier à la prison de Roumieh. En janvier 2024, deux détenus y sont morts faute de soins médicaux, malgré les appels lancés par Alkarama et d'autres ONG. Plus tôt dans l’année, Alkarama avait exigé des mesures urgentes face à la surpopulation carcérale et à la dégradation des services de santé en prison.
Sur le plan judiciaire, Alkarama a dénoncé le recours systématique aux tribunaux militaires pour juger des civils notamment des militants, des journalistes ou des avocats en violation du droit à un procès équitable. Alkarama a rappelé le cas emblématique de Me Mohamed Sablouh, avocat et défenseur des droits humains, visé par des menaces et du harcèlement en raison de son engagement contre la torture.
Restriction abusive des libertés fondamentales
Alkarama a aussi souligné l’augmentation des atteintes à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique. Journalistes, avocats, activistes et simples citoyens ont été poursuivis ou arrêtés pour avoir exprimé des opinions critiques, notamment sur les réseaux sociaux. Le Bureau de lutte contre la cybercriminalité a convoqué de nombreuses personnes pour des propos jugés offensants ou diffamatoires, dans un climat de répression croissante.
Enfin, Alkarama a critiqué la législation antiterroriste adoptée en 2015, qui repose sur une définition vague et particulièrement large du terrorisme, ouvrant la voie à des arrestations arbitraires, à la détention prolongée sans jugement et à la violation des garanties procédurales élémentaires.
Appel urgent à la réforme
À travers cette contribution, Alkarama a rappelé la nécessité urgente d’aligner la législation libanaise avec les normes internationales, de garantir l’indépendance de la justice, de protéger les défenseurs des droits humains, et de rétablir les mécanismes de contrôle et de recours en matière de privation de liberté.
Alkarama a appelé les autorités libanaises à prendre des mesures structurelles concrètes pour mettre fin à l’impunité et assurer la protection effective des droits fondamentaux.