Égypte: un journaliste de Rassd News Network détenu arbitrairement depuis août 2013

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Le 22 juillet 2014, Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, ainsi qu'au Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire (GTDA), concernant le cas d'Abdullah Ahmed Mohammed Ismail Alfakharany, un étudiant de 24 ans de l'Université du Caire, journaliste et co-fondateur d'une plate-forme d'actualité, Rassd News Network (RNN), et militant des droits de l'homme. Arrêté en août 2013, il est arbitrairement détenu depuis et a rapporté avoir été torturé.

Le 25 août 2013, Alfakharany rendait visite à un ami, Mohamed Sultan, après que celui-ci ait pris part aux manifestations pacifiques sur la place de Rabaa al Adawiya, au Caire, au cours de lesquelles il avait été brutalisé et blessé par balle. Alfakharany était donc venu lui prodiguer les premiers soins mais aussi recueillir des informations sur les affrontements qui avaient eu lieu. Alors qu'ils se trouvaient dans la maison, entre 15 et 20 membres des forces de sécurité d'État (Amn Al Dawla) ont forcé le domicile, à la recherche du père de Mohamed Sultan, qui s'est révélé être absent.

Les forces de sécurité ont alors battu et interrogé les deux hommes pendant une demi-heure avant de les emmener au poste de police de Maadi pour y enregistrer leurs identités, sans qu'aucun mandat ne soit présenté à leur encontre. Alfakharany a ensuite été emmené à la prison d'Al Basatin. Alors qu'il a été arrêté le 25 août, son arrestation officielle fut enregistrée au 26 août. Pendant les deux premiers jours de sa détention, il a rapporté avoir été battu et soumis à des traitements dégradants et humiliants. Le 27 août, il a finalement été autorisé à voir son avocat avant d'être transféré à la prison Khalifa, où il fut placé à l'isolement pendant 24 heures.

Après avoir été transféré à la prison Wali el-Natrun le 1er septembre, il a comparu devant un tribunal et inculpé de « publication de fausses nouvelles et de diffamation », sans aucun procès. Il a ensuite été incarcéré, d'abord à Al Basatin, puis à Tora, où il est détenu depuis le 18 septembre 2013, et n'a été autorisé à voir sa famille qu'une seule fois, le 13 juillet 2014. Son procès est continuellement repoussé, le juge justifiant sa décision par la prétendue nécessité d'entendre de nouveaux témoignages, alors ne permettant qu'au seul Procureur de faire appel à des témoins, en violation des règles internationales relatives à un procès équitable.

Alkarama a des raisons de penser que le militantisme d'Abdallah Alfakharany, son engagement politique et son rôle de premier plan au RNN sont les raisons de sa détention arbitraire. Son expérience et sa constance dans la contestation de sa détention le mettent encore plus à risque d'être l'objet d'abus, de représailles et de traitements inhumains et dégradants en prison. La volonté exprimée par les autorités égyptiennes de reporter indéfiniment ses audiences suscite l'inquiétude de ses proches, d'autant plus que la détention arbitraire et la torture sont parmi les pratiques les plus utilisés pour faire taire les journalistes et activistes en Égypte.

En tant que partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Convention contre la torture, le gouvernement égyptien devrait immédiatement libérer Abdallah Alfakharany et autoriser sa famille et son avocat à lui rendre visite sans aucune restriction.

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