Egypte: Un étudiant est arrêté et torturé pour avoir porté plainte contre l'armée

Mohanad Hassan, jeune manifestant de 19 ans blessé à la jambe par des soldats lors d'un rassemblement, a été arrêté et torturé pour avoir porté plainte contre l'armée pour sa blessure par balle. Il est actuellement détenu et torturé à la prison de Tora.

Le 16 décembre 2011, Mohanad Hassan, étudiant à l'université, s'est rendu à un rassemblement organisé devant le Conseil des ministres, au centre du Caire. Des affrontements ont alors éclaté entre les manifestants et les soldats de l'armée égyptienne, causant cinq morts et des milliers de blessés parmi les manifestants. Les soldats ont tiré sur Mohanad et l'ont blessé à la jambe.

Alors qu'il était hospitalisé à Al-Hilal pour sa blessure par balle, Mohanad a déposé plainte contre le Maréchal Tantawi, chef du Conseil suprême des forces armées égyptiennes: il accuse l'armée d'avoir fait usage de la force lors du rassemblement du 16 décembre, d'avoir réprimé violemment les manifestants et de l'avoir blessé à la jambe par balle.

Hassan est sorti de l'hôpital le 29 décembre 2011. A peine quelques jours plus tard, le 9 janvier 2012, il a été convoqué par les agents de police d'Al-Azbakeya pour "apporter son témoignage sur ce qu'il s'est produit au cours de la manifestation", lui a-t-on dit. Il s'est avéré que cette convocation était un piège: on l'a accusé sur le champ d'attaquer l'armée et d'avoir fabriqué des photos de lui. Il a été placé en détention au secret pendant 3 jours au Département de la sécurité au Caire, 3 jours pendant lesquels sa famille et ses avocats ignoraient où il se trouvait. Mohanad a été torturé jusqu'à son transfert à la prison de Tora: pendant 3 jours il a été privé d'eau et de nourriture et a eu les mains et les pieds liés pendant de longues heures. Il a ensuite été contraint de signer les procès-verbaux des interrogatoires.

Trois jours plus tard, le 12 janvier 2012, Hassan a été transféré à la prison de Tora où il reste détenu à ce jour. Il continue d'être battu et maltraité. Il n'a toujours pas pu prendre les médicaments prescrits pour traiter sa blessure et sa demande de transfert à l'hôpital de la prison a été rejetée.

Alkarama a soumis aujourd'hui son cas en urgence au Rapporteur spécial sur la torture afin qu'il demande aux autorités égyptiennes de mettre un terme aux mauvais traitements endurés par M. Hassan et de lui prodiguer des soins médicaux.

Selon l'article 15 de la Convention contre la torture, les autorités égyptiennes ont le devoir de s'abstenir d'utiliser les aveux extorqués par la force dans le cadre de toute procédure judiciaire contre M. Hassan.

Alkarama demande instamment aux autorités égyptiennes de libérer ou de juger la victime, de mettre un terme à la torture contre les détenus et de se conformer aux obligations contenues dans la Convention contre la torture qu'elle a ratifiée en 1986.