Egypte- Prison de Tora: Brutalité et traitement inhumain mènent Essam Ali Atta Shalaby à la mort

Alkarama est hautement préoccupé par le maintien de l'usage de la torture et des traitements inhumains dans les prisons égyptiennes. L'exemple le plus récent est l'assassinat de Ali Atta Essam Shalaby (23ans) à la suite de torture dont il a été victime par le Service National de Sécurité à la prison de haute sécurité Tora.

La mère de la victime, Mme Inam Ragheb était la dernière personne à avoir vu Essam. Lors de sa visite, le lundi 25 Octobre, elle lui a donné une carte Sim. Dès le moment qu'il la tenait dans sa main, les gardes l'arrêtèrent et le traînèrent jusque dans sa cellule pour le battre violemment: ces derniers l'ont accusés d'avoir avalé de la drogue. La mère d'Essam entendait son fils l'appeler à l'aide depuis sa cellule.
La famille d'Essam raconte qu'il a continué à être torturé et roué de coups par les enquêteurs de la prison de Tora pendant deux jours. Dans son dernier appel téléphonique destiné à sa famille, Essam affirme que les enquêteurs lui ont inséré un tuyau dans la bouche et l'anus. Ils l'ont forcé à boire de l'eau mélangée avec du détergent. Suite à cela, il souffrait de fortes douleurs d'estomac et de vomissements.

 

 

Le 27 Octobre, la famille de M. Atta a reçu un appel téléphonique d'un co-détenu en prison leur disant que Essam avait été transféré à l'hôpital Kasr El Aini, après avoir été victime à rythme permanent de torture et de mauvais traitements de la part des agents de sécurité nationale de la prison. Ce qui a finit par le conduire à sa mort.
Le Ministère égyptien de l'Intérieur, affirmait dans un communiqué datant du 28 Octobre que «M. Ata vomissait violemment et donnait des signes d'épuisement, après quoi le médecin de la prison a été appelé et l'a examiné [...] Sa situation peinant à se stabiliser, il a été transféré au Centre de toxicologie clinique de l'Hôpital Kasr Al Aini. [Ceci étant dû] à l'ingestion de médicaments, selon les allégations de deux témoins détenus dans la même prison [...]»

Le 28 Octobre, un comité médico-légal a pratiqué une autopsie. Le rapport préliminaire nie l'existence de torture dont Essam aurait été victime ou de blessures démontrant un passage à tabac sur le corps du défunt. Beaucoup de défenseurs des droits de l'homme et de témoins oculaires (co-détenus et famille) contredisent toutefois ces conclusions. Au vu des circonstances suspectes de la mort de la victime, l'avocat de la famille Atta a choisi de déposer un recours contre le rapport préliminaire.

Rashid Mesli, directeur juridique d'Alkarama à Genève, a déclaré: «Notre expérience des cas de torture en Egypte sur lesquels Alkarama a travaillé nous a appris que les comités judiciaires prennent systématiquement partie pour les autorités lors de la production de rapports médicaux sur des cas de torture où les cibles des enquêtes sont des agents de police ou des membres des forces de sécurité de l'État ».
Il ajoute: «le Ministère de l'Intérieur est directement responsable de l'assassinat de M. Esam Atta. Les prisons égyptiennes n'ont pas de normes qui protégent les prisonniers. De plus, les mauvais traitements dont les prisonniers souffrent se déroulent dans une atmosphère d'impunité totale, soutenue par le Ministère de l'Intérieur.  »

L'Egypte a ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture et les traitements inhumains. Malgré cela, les autorités ont toujours refusé d'autoriser le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la torture de se rendre en Egypte; ni de permettre aux organisations internationales telles que la Croix-Rouge locale et autres, d'accéder aux prisons et aux centres de détention afin de vérifier la conformité des traitements aux normes internationales ratifiées par l'Egypte.
Sur la base des déclarations de familles de prisonniers, Alkarama affirme que les violations à l'intérieur de la prison de Tora ont augmenté au cours des derniers mois, . Cela comprend de nombreux cas de tortures et de mauvais traitements, en particulier pour les prisonniers dans les prisons Istiqbal et Tora.
Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et au Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extra-judiciaires, leur demandant d'intervenir auprès des autorités égyptiennes sur cette question.