Égypte: libération d’une étudiante de 19 ans après son enlèvement par les forces de sécurité

Alkarama salue la libération, le 6 novembre 2014, d'Aliaa Tarek Mohammad Alsayed, dont la famille n'avait plus eu de nouvelles depuis son enlèvement par les forces de sécurité égyptiennes sur le campus de l'université d'Al Azhar du Caire, le 20 octobre 2014.

Contactée par sa famille dont la plainte auprès du Procureur général en date du 21 octobre 2014 était restée sans réponse, Alkarama avait sollicité l'intervention urgente du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées et involontaires (GTDFI) pour demander aux autorités égyptiennes de libérer immédiatement Alsayed ou, à tout le moins, de la mettre sous la protection de la loi, de révéler son lieu de détention et d'autoriser sa famille à lui rendre visite sans restrictions, ainsi que d'assurer son intégrité physique et mentale.

Présentant de nombreux signes de torture, Alsayed, toujours sous le choc, n'est pas encore prête à parler des détails de son enlèvement, d'autant plus qu'elle ne se rappelle plus de son lieu de détention.

Alsayed était en train de traverser le campus avec deux autres étudiantes quand elles ont été encerclées par des agents des forces de sécurité, arrêtées sans raison apparente, et forcées de prendre place dans un véhicule blindé emportées vers une destination inconnue. Alsayed a juste eu le temps de prévenir sa mère par SMS de son arrestation. Malgré la libération de ses deux amies le jour suivant leurs arrestations, et bien que la famille se soit rendue dans tous les hôpitaux et stations de police de Nasr Ville pour s'enquérir de l'état d'Alsayed, les autorités ont refusé de reconnaître son enlèvement. Ses parents n'ont eu de ses nouvelles que le jour de sa libération, lorsqu'elle les a appelés pour qu'ils viennent la chercher.

Le jour de son enlèvement, les forces de sécurité égyptiennes avaient envahi le campus de l'université d'Al Azhar, en violation des principes fondamentaux de liberté académique, en usant de grenades lacrymogènes contre les étudiants qui manifestaient pacifiquement. Le cas d'Alsayed s'inscrit dans un contexte de crise entre les étudiants et les autorités, qui s'est étendu ces dernières semaines à l'ensemble des universités du pays. De nombreuses manifestations ont eu lieu sur les campus universitaires depuis plusieurs semaines en signe de protestation contre les mesures prises par les autorités, et contre les expulsions, arrestations et exécutions arbitraires de centaines d'étudiants depuis la rentrée universitaire.

« Les événements et la nouvelle campagne de répression dirigée contre les étudiants égyptiens par les autorités représente un développement inquiétant pour le futur de l'Égypte », estime Rachid Mesli, directeur juridique d'Alkarama. « C'est une nouvelle preuve de la volonté des autorités d'étouffer toute velléité d'expression libre de la population, et en particulier celle qui représente l'avenir de ce pays ».

Alkarama appelle les autorités égyptiennes à mettre fin à la répression contre les étudiants et à annuler les différents décrets liberticides adoptés récemment concernant la loi universitaire, en particulier celui autorisant les forces de police et de l'armée à intervenir sur les campus universitaires.

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