Egypte: libération de Maikel Nabil Sanad, après 10 mois de détention arbitraire

Maikel Nabil Sanad, considéré comme le premier prisonnier d'opinion depuis la destitution de l'ancien Président égyptien Hosni Moubarak, a été libéré le mardi 24 janvier 2012, un jour avant la date anniversaire du déclenchement de la révolution égyptienne de 2011. M. Sanad, un blogueur bien connu pour ses critiques du régime militaire, a été détenu pendant 10 mois, à la suite d'un procès inéquitable devant un tribunal militaire.

Le 9 juin 2011, Alkarama a adressé une requête au Groupe de travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire (GTDA), afin d'intervenir auprès des autorités égyptiennes en faveur de M. Sanad. L'organisation a demandé sa libération immédiate, étant donné que sa lourde condamnation avait pour seul fondement le fait qu'il avait exprimé son opinion.
Le 23 juin 2011, le GTDA a adopté un Avis statuant que la détention de M. Sanad était arbitraire, vu son procès inéquitable, et a réclamé sa libération immédiate.
M. Sanad a été arrêté à son domicile, le 28 mars 2011, accusé d'avoir critiqué sur son blog la violente répression de l'armée contre les manifestants de la place Tahrir. Il a fait l'objet d'un jugement précipité et a été condamné le 11 avril 2011. M. Sanad a été condamné à trois ans d'emprisonnement, assortis d'une amende. Il a été incarcéré dans une prison militaire au Caire.
En signe de protestation contre son procès inéquitable et sa détention, M. Sanad a entamé une grève de la faim qu'il a poursuivie durant 100 jours, ce qui a entraîné une grave détérioration de son état de santé.
Le 21 janvier 2012, le Maréchal égyptien Tantawi, chef du Conseil Suprême des Forces armées (SCAF), qui gouverne l'Egypte au cours de la période de transition, a octroyé une grâce en faveur de près de 2000 civils égyptiens , détenus à la suite de leur procès devant des Tribunaux Militaires.
Après sa libération, M. Sanad a fait une déclaration dans laquelle il a refusé d'être libéré à la faveur d'une grâce, précisant qu'il n'aurait jamais dû être arrêté, en premier lieu, pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression et la liberté de pensée.
La situation de M. Sanad, détenu illégalement sur ordre du SCAF, n'est qu'un exemple parmi d'autres des milliers de personnes traitées de la même façon et un signal évident de la reprise des détentions arbitraires, du retour à l'usage de la torture et de la pratique des procès inéquitables devant des tribunaux militaires égyptiens.