Égypte : Les familles des détenus de la prison de Badr lancent un appel à la communauté internationale pour venir en aide à leurs proches et avoir un droit de visite

Complexe pénitentiaire de Badr au Caire

Les familles des prisonniers politiques de la prison de Badr, au nord-est du Caire, ont demandé le droit de rendre visite à leurs proches et la levée des restrictions imposées aux prisonniers.

 

Après avoir reçu une copies des demandes des familles, Alkarama a écrit à plusieurs procédures spéciales des droits de l’homme de l’ONU pour leur demander d’intervenir auprès des autorités égyptiennes afin d’accorder aux détenus leurs droits fondamentaux en vertu du droit international relatif aux droits humains. Alkarama a également demandé aux experts de mettre en garde les autorités égyptiennes contre toute forme de représailles visant à supprimer les demandes des détenus et à faire taire leurs voix.

Selon les témoignages reçus, les conditions de détention sont encore très mauvaises et l’atmosphère se dégrade à la prison de Badr. La situation s’est aggravée dans le contexte de la crise actuelle entre le ministère de l’Intérieur et les détenus de Badr, qui réclament que les visites familiales soient autorisées.

Les familles des prisonniers politiques ont indiqué que « la période allant du 23 février au 4 mars a vu une escalade des incidents à mesure que les cas de tentatives de suicide quotidiennes augmentaient, allant de coupures d’artères à des tentatives de pendaison et à l’ingestion de grandes quantités de médicaments ».

Avec d’autres organisations de défense des droits de l’homme, Alkarama a lancé une campagne pour mettre en lumière la souffrance des détenus dans les tristement célèbres prisons du complexe Badr. La campagne a également exprimé la solidarité des organisations avec les détenus à la lumière des graves violations commises contre eux par les autorités égyptiennes, en violation flagrante de la Constitution égyptienne et du droit international.

Plusieurs familles ont signalé que l’administration pénitentiaire, dirigée par Yahya Zakaria, responsable de la sécurité nationale, avait suspendu les négociations avec les représentants des prisonniers et pris plusieurs mesures punitives, notamment l’arrêt de la médication régulière pour les patients cardiaques et diabétiques et le blocage de l’entrée de médicaments envoyés par des proches de l’étranger.

L’administration a également réduit la quantité de nourriture fournie, ce qui a entraîné une famine à l’intérieur de la prison, ayant pour but de forcer les prisonniers à se conformer à l’administration et à reporter indéfiniment les demandes de visites.

Les détenus du complexe pénitentiaire de Badr se sont plaints de la suspension des services médicaux tout en étant menacés d’une force excessive, ce qu’Alkarama craint que les autorités ne fassent.

Face à ces conditions difficiles, les détenus ont commencé à intensifier leurs protestations en accrochant des banderoles aux portes exigeant leur droit de visite familiale. Certains d’entre eux ont commencé à refuser de la nourriture pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une « politique d’exécutions lentes » imposée par les autorités égyptiennes.

Les détenus ont exigé leurs droits aux visites familiales et la formation d’une commission internationale d’enquête. Ils ont appelé les médias à publier et à dénoncer les pratiques du gouvernement égyptien à leur encontre. En outre, les détenus appellent la communauté internationale à cesser de soutenir le gouvernement égyptien, dont les politiques violent les droits humains en contradiction avec toutes les normes et conventions internationales signées par l’Égypte.

Le plaidoyer d’Alkarama

Ces dernières années, Alkarama a déposé de nombreuses plaintes auprès des procédures spéciales de l’ONU au nom des victimes de violations en Égypte. Par exemple, Alkarama a introduit une requête auprès du Groupe de travail sur la détention arbitraire, le 9 octobre 2020, concernant Dr Hossam Abu El-Ezz, ancien gouverneur de la ville de Qalyubia. Détenu à la prison de Badr, il est arbitrairement privé de liberté depuis septembre 2013.

Le Dr Abou El Ezz a été détenu à l’isolement et privé de l’accès à sa famille, à son avocat et à des soins médicaux. Les conditions particulièrement dures de sa détention constituent une forme de torture pour lui et sa famille, et mettent directement sa vie en danger.

Violations des droits de l’homme sous prétexte de « contre-terrorisme »

Dans son dernier rapport annuel, Alkarama a exprimé sa profonde préoccupation face au recours continu à la détention arbitraire, aux disparitions forcées, à la torture et à d’autres mesures répressives pour persécuter toutes les formes d’opposition politique et d’activisme en faveur des droits humains en Égypte.

Dans le même contexte, Alkarama a appelé à plusieurs reprises à la fin des violations commises par les autorités égyptiennes contre les prisonniers politiques dans la prison du complexe Badr.

Alkarama a affirmé que l’impunité pour les crimes commis par le gouvernement dirigé par l’armée égyptienne au cours des dernières années ne fera qu’encourager les auteurs de violations des droits de l’homme dans le pays et leur répétition menant à des crimes contre l’humanité. Alkarama a réitéré la nécessité de mettre fin aux politiques qui ferment les yeux sur les violations des droits de l’homme dans le contexte des mesures antiterroristes.

Enfin, Alkarama a rappelé que ces politiques représentent non seulement un revers majeur pour le principe de justice et l’universalité des droits de l’homme, mais ont également des conséquences désastreuses pour les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme et ses causes profondes.