Egypte : La torture continue d'être pratiquée dans les commissariats de police en toute impunité

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Alkarama est fortement préoccupée par la recrudescence de la pratique de la torture dans les commissariats de police en Egypte, pratique qui conduit bien souvent au décès des victimes et qui atteste de l'absence de volonté politique de donner suite aux engagements pris par les autorités égyptiennes suite à la révolution pour mettre fin à la torture et à l'impunité des responsables.

Sameh Ahmad Faraj - Mort sous la torture après avoir s'être rendu dans un commissariat de police
Le 15 janvier dernier, Sameh Ahmad Faraj, 48 ans, s'est rendu au commissariat pour connaître la raison de l'arrestation de l'un de ses employés. C'est avec effroi que sa famille a appris qu'il aurait été tué dans un accident de la route dans l'après-midi, le même jour.

En arrivant à l'hôpital le même jour, sa famille a pu constater qu'il ne portait pas les mêmes vêtements que ceux avec lesquels il était sorti le matin, et qu'il n'avait plus ses chaussures, ni ses chaussettes. Ils ont dit à Alkarama qu'ils avaient vu des traces sur ses poignets et ses jambes, du sang sur ses mains, ainsi qu'une coupure à l'arrière de son crâne et une sur son omoplate. Ils ont également constaté la présence d'une ecchymose sous son œil gauche ainsi qu'un gonflement au niveau du cou.

Des témoins ont raconté à la famille de Sameh Ahmad Faraj que ce dernier avait été molesté, étranglé et frappé à différents endroits du corps par la police.

Alaa Farouq, l'avocat de la victime, a déclaré qu'il était toujours dans l'attente du rapport médico-légal final, pour confirmer le premier rapport du 17 janvier, qui attestait de la torture subie par Sameh Ahmad Faraj.

Le 5 juin, Alkarama a soumis son cas au Rapporteur spécial sur les Exécutions Extrajudiciaires des Nations Unies ainsi qu'au Rapporteur spécial sur la torture.

Amr Abdeljayid - Torturé et violé par des agents des services de renseignement généraux torturent au commissariat de Beni Mazar
Arrêté par les services de renseignement généraux près de son domicile, Amr Abdeljayid, 28 ans, a été roué de coups de poings sur la route qui le menait au commissariat de Beni Mazar. Ce n'est qu'en y arrivant que Amr Abdeljayid a appris qu'il était accusé par le Procureur Général d'avoir commis un vol le 28 février 2013. Pendant cinq jours, il a été torturé sans relâche par le chef des renseignements généraux de Beni Mazar.
La victime a tenté de convaincre son tortionnaire qu'il était innocent, en vain. Deux officiers les ont par la suite rejoints. Ils lui ont bandé les yeux, l'ont déshabillé et l'ont pendu par les mains liées dans le dos à la fenêtre de la pièce de façon à ce que ses pieds ne touchent pas le sol. Ils l'ont ensuite violé, puis descendu à terre et l'ont forcé à lécher leurs chaussures. Puis ils l'ont violemment frappé aux pieds jusqu'à les faire saigner et que le jeune homme perde conscience. Il a été libéré le 15 mars dernier.

Le 6 mars, l'avocat de Amr Abdeljayid a demandé au Procureur du nord de Al-Minia que soit réalisé un examen médico-légal. Un rapport pourra ensuite être publié, dans lequel il sera prouvé qu'il a été torturé au commissariat et que les aveux ont été arrachés sous la torture. Maître Mohammed Al-Hanboli a affirmé à Alkarama que ce rapport médico-légal n'avait toujours pas été rendu, près de deux mois après les faits.

La poursuite de ces graves violations et l'impunité dont continuent de jouir les tortionnaires montrent que les autorités égyptiennes, en dépit de la ratification par le pays de la Convention contre la torture, ne font preuve d'aucune volonté politique pour y mettre définitivement un terme.