Égypte : Détenus de la prison de la Nouvelle Vallée en grève de la faim pour une durée indéterminée

Alkarama s'inquiète du nombre croissant de cas de détentions arbitraires et de tortures qu'elle a reçu, ainsi que de l'application constante de la loi d'urgence sur les citoyens égyptiens, malgré la révolution de 2011 qui a vu le renversement du régime Moubarak.Alkarama a notamment appris l'existence de violations graves de droits de l'homme commises sur plus de 200 détenus de la prison de la Nouvelle Vallée. En protestation contre les mauvais traitements dont ils sont victimes, les détenus ont débuté une grève de la faim illimitée.

D'après les informations reçues, les autorités de la prison ont interdit aux détenus de quitter leur cellules pendant plus de deux semaines. Elles n'ont également pas fourni d'eau pour se laver pendant quatre jours. En outre, plusieurs détenus ont été torturés et gardés en isolement, ce qui pourrait en soi, constituer un traitement inhumain.
De plus, compte tenu de l'ampleur de la grève de la faim, les employés de la prison ont commencé à forcer les détenus à manger en les torturant et en les plaçant en isolement.

Par exemple, Sheirf Omar et Abdel Ati Abdel Hamid ont subi torture et sévices sexuels de la part des employés de la prison de la Nouvelle Vallée. Chacun a ensuite été examiné par des médecins légistes dans le governorat d'Assiout ; ceux-ci ont confirmé qu'ils avaient été torturés.

Ahmed Mefreh, chercheur en droit pour Alkarama, a déclaré : « J'ai reçu plus de 70 cas de détention sous la loi d'urgence depuis la révolution, tous sont détenus à la prison de la Nouvelle Vallée. Malgré la fin de l'état d'urgence décrétée le 25 janvier 2011, le ministère de l'Intérieur continue à utiliser les méthodes de l'ancien régime. »

L'Égypte était en état d'urgence depuis 1981. Mettre fin à l'état d'urgence a toujours été une exigence primordiale de l'opposition et l'une des principales exigences des manifestants lors de la révolution de janvier 2011. En effet, cette loi permet aux employés du ministère de l'Intérieur d'arrêter n'importe qui pour une période indéterminée sans chef d'accusation ni procès. Alkarama condamne l'usage ininterrompu des méthodes de l'ancien régime qui représentent une violation des droits de l'homme et des principes de base relatifs au traitement des prisonniers. En particulier de la résolution No 45/111 de l'Assemblée générale, ratifiée le 14 décembre 1990, stipulant que « Tous les détenus sont traités avec le respect dû à la dignité et à la valeur inhérentes à l'être humain. »

En plus des mauvais traitements infligés aux détenus, le recours constant à la détention arbitraire suite à des procès iniques doit cesser immédiatement, en particulier au vu de la chute du régime autoritaire précédent.
Alkarama souligne donc sa profonde inquiétude concernant la torture systématique des détenus de la prison de la Nouvelle Vallée par les officiers de la prison qui continuent de bénéficier de l'impunité. Elle demande également à ce que des enquêtes soient menées sur les arrestations arbitraires de prisonniers en dépit des décisions juridiques de libération, puisque ceci est une violation évidente des principes relatifs aux droits de l'homme.