Egypte :Des organisations de défense des droits de l'homme font campagne pour la levée de l'état d'urgence

Pour la libération des personnes détenues en vertu de la loi sur l'état d'urgence et la fin de l'état d'urgence en Egypte

Dans un discours prononcé le 11 mai 2010 devant l'Assemblée du Peuple, le premier ministre égyptien a annoncé la volonté du gouvernement de prolonger de deux ans l'état d'urgence. Il s'est engagé en contrepartie à « limiter le recours aux mesures exceptionnelles prévues par les lois d'exceptions au cadre strict de la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants », précisant que « la loi sur l'état d'urgence ne devait pas être utilisée pour empiéter sur les droits et libertés lorsque le problème en question ne relevait pas des domaines spécifiquement concernés ». Ainsi, le gouvernement égyptien a pris l'engagement de respecter les garanties contenues dans la Constitution, la loi et les conventions internationales en permettant, notamment, le contrôle de l'application de la loi sur l'état d'urgence par les autorités judiciaires. Suite à cette annonce, un député l'a interrogé sur les conséquences de cette nouvelle « formulation » de la loi sur l'état d'urgence pour les personnes actuellement détenues sous ce régime d'exception. Le Président de l'Assemblée du Peuple, M. Fathi Surour, lui a répondu sans équivoque que, sous sa « responsabilité juridique », toute personne détenue sans accusation devait être libérée.

Malgré ces déclarations, force est de constater que les violations des droits de l'homme et les abus commis par les autorités égyptiennes au nom de la sécurité nationale n'ont pas diminué. En effet, lors des élections du Conseil de la Chourah, des manifestations pacifiques ont été réprimées et les services de sécurité ont procédé à des arrestations, des enlèvements et ont attaqué candidats, militants et électeurs avec des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Néanmoins, face à de telles divergences entre les intentions et les faits, nous comptons mener une vaste campagne publique fondée précisément sur les engagements pris par le gouvernement égyptien devant l'Assemblée du Peuple. Dans quelques jours, le Conseil des droits de l'homme de les Nations Unies se réunira pour procéder à l'Examen périodique universel de l'Egypte et les autorités égyptiennes en profiteront certainement pour se féliciter de leurs récentes promesses devant la communauté internationale. Dans le cadre de notre campagne, nous allons commencer par récupérer des informations sur les détenus en Egypte et étudier leur dossiers pour les soumettre l'un après l'autre aux autorités compétentes. L'objectif d'une telle démarche est d'obtenir la libération de tous les détenus qui n'ont pas été accusés de crimes liés au terrorisme et au trafic de stupéfiants.

Le nombre de personnes concernées oscille entre plusieurs centaines de détenus selon le gouvernement égyptien à des milliers selon les organisations de défense des droits de l'homme. Certains de ces détenus ont passé plus de dix années en détention sans accusation ni procès et, nombreux sont ceux parmi eux qui, malgré des dizaines d'ordres de libération émis par les tribunaux, restent en détention sur décision du ministère de l'Intérieur. Il est évident que dans l'hypothèse où les déclarations du Président de la République, du Premier ministre et du Président de l'Assemblée du Peuple sont sincères et honnêtes, ces détenus doivent être libérés immédiatement. C'est précisément l'objet et le but de notre campagne.

Le ministère de l'Intérieur a toujours refusé de divulguer des informations relatives au nombre précis de détenus et aux lieux de détention, prétextant qu'elles sont difficiles à obtenir en raison des flux constants de libérations et de nouvelles incarcérations. Au vu de l'absence de telles données, nous allons, dans le cadre de cette campagne diffuser une liste contenant les coordonnées téléphoniques des organisations de défense des droits de l'homme et d'avocats exerçant dans plusieurs gouvernorats égyptiens. Les familles de détenus seront sollicitées pour communiquer les noms de leurs proches qui sont détenus et les conditions de détention. Elles pourront s'adresser au QG de la campagne situé au Caire ou aux bureaux relais dans les gouvernorats ainsi que par courrier électronique à partir du site internet de la campagne qui sera bientôt lancé. Les informations transmises permettront de suivre la situation des personnes détenues et obtenir leur libération.

Les organisations suivantes participent à la campagne :

Alkarama

Association for Freedom of Thought and Expression

Association for the Assistance of Prisoners
El Nadeem Center for the Rehabilitation of Victims of Torture

The Egyptian Initiative for Personal Rights

Hisham Mubarak Law Center

Pour signaler un cas de détention, veuillez contacter l'un des bureaux suivants:

Greater Cairo (Cairo, Giza, Qalyoubiya, Helwan, 6th of October)

Egyptian Initiative for Personal Rights

8 Mohamed Ali Jinnah, Garden City, Cairo

Tel: 27943606 - 27962682

El Nadim Center for the Rehabilitation of Victims of Violence

Tel: 0164004013

Alkarama Foundation

M. Ahmed Mefreh

Tel: 0185923784

Hisham Mubarak Law Center

1 Suq al-Tawfiqiya St., 5th floor, Downtown Cairo

Tel: 25758908

Gharbiya and Monufiya

M. Sayyid al-Fiqi, membre du réseau des avocats du Hisham Mubarak Law Center

Tel: 012-454-4946

Suez Canal Zone (Ismailiya, Suez, Port Said)

M. Ashraf Abbas, membre du réseau des avocats du Hisham Mubarak Law Center

Tel: 012-252-6411

Kafr al-Sheikh

M. Ismail Abu al-Yazid, membre du réseau des avocats du Hisham Mubarak Law Center

Tel: 012-369-2282

Qena

Mlle Rania Atef

Tel: 010-888-7258/018-444-6315

Aswan

Hisham Mubarak Law Center, Aswan branch

89 Corniche al-Nil, above Sigal

Tel: 097-230-8306/018-444-6315/012-778-6150