Égypte: 3e anniversaire de la révolution : une centaine de manifestants exécutés en toute impunité

Les 24 et 25 janvier derniers, 106 manifestants et passants ont été tués en toute illégalité par les forces de police et l'armée égyptiennes qui ont dispersé dans la violence des rassemblements organisés contre le gouvernement. La plupart des personnes sont mortes le 25 janvier 2014, date qui marque le troisième anniversaire de la révolution égyptienne. Alkarama exhorte à nouveau les autorités égyptiennes à respecter les conventions internationales des droits de l'homme qu'elles ont ratifiées qui les oblige à respecter le droit de manifester et à empêcher les arrestations et les exécutions sommaires de manifestants pacifiques.

Selon les informations qu'Alkarama a rassemblées, les forces de police et l'armée égyptienne s'en sont pris avec violence aux manifestants, faisant usage de grenades lacrymogènes et tirant à balles réelles sur des personnes qui ne représentaient pourtant aucune menace pour leur vie. Les autorités égyptiennes n'ont donc pas fait un usage progressif de la force comme le prévoit la « loi relative aux manifestations », promulguée en novembre 2013.

Des témoins à Helwan affirment que, dès que le début des rassemblements à la mosquée Al-Amin, les manifestants ont été accueillis avec des grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Des témoins à Alf Maskan rapportent que des balles réelles ont été tirées à partir de véhicules blindés tandis que, sur la place de Mataria, les manifestants se faisaient tirer dessus depuis des hélicoptères - une scène qui rappelle la dispersion des sit-ins de Rabaa et Nahda le 14 août 2013.

Le fait que les forces de police et l'armée ont clairement fait la distinction entre les manifestants pro-régime et ceux anti-coup illustre une nouvelle fois le caractère politisé de la répression. Il est regrettable que les autorités égyptiennes ne reconnaissent pas à tous ses citoyens les mêmes droits. Si les manifestants pro-régime ont bénéficié d'une liberté totale de mouvement, les opposants se sont vus interdire l'accès aux places publiques qui ont été le théâtre de la révolution du 25 janvier. Alkarama a documenté les cas de personnes qui se rendaient à la place Tahrir arrêtées car elles étaient simplement suspectées d'être contre le régime. Les médias officiels se sont fait l'écho des autorités en lançant une campagne d'attaques et d'accusations contre l'opposition.

Selon les informations recueillies par Alkarama, la plupart des personnes tuées ont reçu des balles dans la poitrine, le ventre et la tête. Le 24 janvier 2014, une personne à Alexandrie est également morte asphyxiée à cause des grenades lacrymogènes. Toutefois, la majorité des décès sont survenus le 25 janvier 2014, avec 90 dans les quartiers de Mataria et d'Alf Maskan.

Alkarama appelle le gouvernement égyptien à mettre un terme à l'usage continu et excessif de la force contre les manifestants qui a causé la mort de très nombreux manifestants. Le gouvernement doit, conformément aux normes internationales, ouvrir une enquête sur les événements afin d'identifier les responsables et les traduire en justice. Les familles des victimes doivent aussi recevoir une compensation pour les préjudices subis. Alkarama a soumis aujourd'hui le cas de ces 106 personnes exécutées aux procédures spéciales des Nations Unies afin qu'elles interviennent auprès des autorités égyptiennes.