Le 20 avril dernier, Sultan bin Kayed Al-Qasimi, président de l'association Islah (Appel à la Réforme) et cousin du gouverneur de Ras Al-Khaimah, a été arrêté par les services de sécurité émiratis qui l'ont immédiatement placé à l'isolement au palais du gouverneur. Cette arrestation arbitraire s'inscrit dans le cadre d'une campagne de répression menée par les autorités émiraties contre les partisans de la réforme politique.
Célèbre partisan de la réforme politique aux Emirats arabes unis, le président d'Islah milite depuis plusieurs années pour le respect des droits civils et politiques aux Emirats arabes unis dans le cadre de son association. Depuis quelques mois, les forces de sécurité émiraties ont intensifié les mesures de répression contre les défenseurs des droits de l'homme et les partisans de la réforme politique en procédant à des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et des retraits de citoyenneté.
L'arrestation de M. Al-Qasimi, qui n'est autre que le cousin du gouverneur de Ras Al-Khaimah, s'inscrit clairement dans le cadre de cette campagne. Les partisans de la réforme politique considèrent en effet qu'il s'agit là d'un message d'avertissement : si les forces de sécurité peuvent arrêter un Cheikh, ils ne s'abstiendront pas de persécuter et de punir des citoyens ordinaires.
Il semble que l'arrestation de M. Al-Qasimi fasse suite à une lettre qu'il a adressée aux gouverneurs des Emirats et au Président le Cheikh Khalifa bin Zayed dans laquelle il demande la mise en place de réformes politiques et la restitution de la citoyenneté à sept citoyens émiratis. Dans sa lettre, il écrit : « les temps ont changé et les Emirats ne sont pas épargnés par le mouvement qui secoue le Monde arabe. Le mur de la peur s'est fissuré. Le peuple émirati n'est plus en retrait, il est tout à fait conscient de ses droits. » Et d'exiger : « la vie civique ne doit plus être sous le joug des services de sécurité. »
Comme M. Al-Qasimi, d'autres membres de l'association Islah ont fait l'objet au cours des dernières années d'une grande campagne de répression par les services de sécurité émiratis. Nombreux sont ceux qui ont été licenciés de leur postes au gouvernement - certains d'entre eux occupaient de hauts postes - ou ont été contraints de partir à la retraite.
Le 12 octobre 2004, Alkarama avait soumis le cas de 20 militants accusés d'être impliqués dans des activités terroristes qui avaient été arbitrairement arrêtés et détenus. Dans l'avis 14/2005 du 26 mai 2005, le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies condamnait cette arrestation, rappelant aux Emirats l'article 9 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Les détenus avaient ensuite été libérés après plusieurs années de détention sans procédure judiciaire.
Alkarama demande instamment aux Emirats arabes unis de respecter leurs obligations en vertu des législations nationale et internationale et de tenir les promesses qu'ils ont faites dans le cadre du processus de leur demande d'adhésion au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, demande qui sera examinée en juin prochain.
Nous avons soumis aujourd'hui le cas de Sultan bin Kayed Al-Qasimi en urgence au Groupe de travail sur la détention arbitraire, à la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et au Rapporteur spécial sur la liberté d'expression.