EAU: Détenus pour "réhabilitation" malgré la fin de leur peine

معتقلو الرأي في الإمارات

Les autorités aux Emirats Arabes Unies détiennent toujours plus de 60 prisonniers d'opinion qui ont purgé leur peine, pour certains depuis juillet 2022, mais qui restent derrière les barreaux, après une série de violations, de torture et de mauvais traitements, sous prétexte de « réhabilitation ». 

Parmi les victimes qui ont purgé leur peine figure l'éminent avocat et militant des droits humains, Mohamed al Roken, qui a passé dix ans en prison à l'issue d'un procès inique. 

Depuis des années et dans le cadre de ces préoccupations, Alkarama a travaillé sur le cas de l'avocat Mohammed Al-Roken, et d'autres prisonniers d'opinion, militants et opposants politiques victimes de la répression aux Émirats arabes unis, y compris des dizaines de dissidents pacifiques connus sous le nom de groupe « UAE 94 ». 

Alkarama a soumis des plaintes individuelles au nom des victimes aux procédures spéciales des Nations Unies, y compris le Groupe de travail sur la détention arbitraire, qui a conclu plus d'une fois que leur détention était de nature arbitraire et a exigé leur libération. 

Alkarama a également rappelé leur cas devant le Conseil des droits de l'homme dans le cadre de l'Examen périodique universel concernant la situation des droits de l'homme aux Émirats arabes unis, et a publié de nombreux communiqués de presse à leur sujet dans le cadre de son activité médiatique. 

Représailles contre les familles des détenus 

Parmi les victimes de la répression aux  Émirats arabes unis figure le détenu d'opinion Abdulsalam Darwish, qui est un exemple de l'ampleur de la brutalité des autorités des Émirats arabes unis dans la répression des opposants politiques et de leurs familles. 

Pendant qu’il reste détenu malgré la fin de sa peine, sa famille reste apatride après que les autorités ait retiré la nationalité de ses membres. 

En outre, les autorités des Émirats arabes unis détiennent depuis six ans le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor, accusé d'avoir signé une pétition demandant plus de pouvoirs pour le Conseil national fédéral. 

Les autorités l'ont arrêté après l'avoir espionné, violant ainsi son droit à la vie privée. Il a été condamné à dix ans de prison, dans le cadre d'un procès qui ne respecte pas les normes minimales d'équité. 

Le militant émirati des droits humains Ahmed Mansoor a toujours fait l'objet de représailles en raison de son militantisme en faveur des droits humains et de sa coopération avec les organisations internationales de défense des droits humains et les mécanismes de l'ONU. 

Malgré  les critiques de l'ONU à l'encontre des autorités des Émirats arabes unis concernant la répression des militants et des défenseurs des droits humains, ainsi que les condamnations émises par des experts des droits humains de l'ONU qui confirment le caractère arbitraire des victimes de détention, les autorités ignorent toujours ces décisions. 

Dans le même temps, elles tentent toujours de polir l'image des EAU pour lui donner l'apparence d'un État soucieux de modernisation et de luxe en cachant en réalité une approche répressive contre les dissidents pacifiques et la liberté d'expression. 

Dans ce contexte, le militant émirati Hamad al-Shamsi, directeur du Centre de défense des détenus des Emirats, a déclaré que « la torture fait partie du système aux Émirats arabes unis, elle est devenue systématique, car tous les prisonniers d'opinion passent par les mêmes étapes, et cela est supervisé par la sécurité de l'État. Ceci est malheureusement couvert par la loi, car la loi sur la sécurité de l'État de 2003 permet à l'agence de détenir qui elle veut pendant 90 jours sans en informer le procureur. » 

En plus de l'isolement, les organisations de défense des droits de l'homme ont documenté des cas de passages à tabac et d'utilisation de la lumière tout au long de la journée pour empêcher les détenus de dormir, le recours à des températures froides, etc. lors des interrogatoires des détenus, des pratiques non isolées mais systématiques. 

Résolutions de l'ONU 

À la lumière des plaintes déposées par Alkarama et d'autres organisations, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, dans sa résolution n° 60/2013, datée du 9 septembre 2013, concernant un certain nombre de détenus politiques aux Émirats arabes unis, a conclu que les charges retenues contre eux s'inscrivaient dans le cadre des droits à la liberté d'expression, soulignant que les restrictions imposées à ces droits dans cette affaire ne peuvent être considérées comme proportionnées et justifiées. 

Il a également noté que les personnes mentionnées avaient été placées à l'isolement après leur arrestation sans aucune justification légale, et que les charges retenues contre elles par la suite étaient vagues et imprécises. 

Le Groupe des Nations Unies a souligné les graves violations du droit à la liberté d'opinion et d'expression et du droit à un procès équitable dans cette affaire. Auparavant, le Groupe de travail avait publié l'Avis no 64/2011 et l'Avis 8/2009, dans lesquels il concluait qu'il y avait eu violation des libertés d'opinion et d'expression, de réunion pacifique et d'association, garanties par les articles 7 et 10 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, et violations du droit de ne pas être détenu arbitrairement interdits en vertu de l'article 9 de la Déclaration. 

Le Groupe s'est déclaré préoccupé par cette pratique typique des Émirats arabes unis, telle qu'elle ressort de ces deux avis, et a souligné que le Gouvernement devait se conformer au droit international.