EAU: « Aucun numéro de référence » – Un académicien turc enlevé par les services de sécurité à Dubaï

Amer Alshava

Le 20 novembre 2014, Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) et au Rapporteur spécial sur la torture (RST) sur le cas d'Amer Alshava, un homme d'affaire et académicien turc enlevé le 2 octobre 2014 à l'Aéroport de Dubaï et dont le sort demeure inconnu à ce jour.

Le 2 octobre 2014, M. Alshava est allé à Dubaï pour assister au mariage de son neveu. Dès son arrivée, il a été enlevé par des individus inconnus appartenant aux services de sécurité émiratis.

Après l'échec des nombreuses tentatives de sa famille pour le localiser, les représentants du Consulat turc se sont rendu à l'aéroport pour connaitre son sort, comme requis par le droit à la protection consulaire. Ils ont été informés que M. Alshava avait été emmené à Abu Dhabi.

Cependant, le 9 octobre 2014, la femme de M. Alshava s'est rendue au siège de la police d'Abu Dhabi où on l'a informée que le cas de son mari « n'était pas dans leurs fichiers », et que son numéro de passeport « ne correspondait à personne ». Quelques jours plus tard, elle a déposé une plainte auprès des mêmes autorités, qu'ils ont refusé d'enregistrer, car son mari n'avait aucun numéro de référence.

Après avoir disparu pendant 13 jours, M. Alshava a été autorisé à faire un appel, apparemment forcé, pour lui dire qu'il était bien traité et qu'ils devaient le garder pour certaines formalités encore quelques jours. Depuis, il n'a plus été autorisé à contacter sa famille.

« L'arrestation et la disparition de M. Alshava suit le même schéma mené habituellement par les services de sécurité d'État dans de nombreux cas similaires aux cas qui se sont produis dans les Émirats arabes unis, où cette pratique est devenue une atteinte systématique aux droits de l'homme les plus basiques », a déclaré Radidja Nemar, Responsable Juridique pour les pays du Golfe à Alkarama. « Les personnes sont disparues et détenues au secret pendant des mois, avant de réapparaître et d'être jugées pour des raisons purement politiques. Les détenus sont systématiquement torturés et détenus à l'isolement afin de les forcer à signer de fausses déclarations qu'ils ne sont même pas autorisés à lire. Ces déclarations sont ensuite admises comme preuves contre eux lors de procès inéquitables, en violation de la Constitution des Émirats (article 26) et de nombreuses obligations internationales que les Émirats sont supposées respecter, y compris la Convention contre la torture ».

Alkarama est extrêmement concernée par la persistance de cette pratique, qui souligne une dégradation importante de la situation des droits de l'homme dans le pays. Le Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats, Mme Gabriela Knaul, a déclaré lors de la conférence de presse du 5 février 2014, suite à sa visite aux Emirats, qu'elle avait reçu « des informations crédibles et des preuves » que les détenus sont arrêtés sans mandat, les yeux bandés, amenés dans des lieux inconnus et gardés au secret, parfois pendant des mois.

Au vu de ces informations, Alkarama a saisi le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) pour qu'il intervienne d'urgence auprès des autorités émiraties pour s'assurer qu'Amer Alshava soit immédiatement libéré, que sa famille soit informée de son sort et du lieu de sa détention dans les plus brefs délais et qu'elle soit mise en contact avec lui.

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