Arabie Saoudite : Une justice toujours absente deux ans après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi

khashoggi

La tristement célèbre date du 2 octobre marque  le second anniversaire du meurtre du Journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul  le 2 octobre 2018.

Pour rappel,  Jamal Khashoggi, journaliste saoudien,  longtemps proche de la famille royale saoudienne  était une  voix dissidente au  gouvernement saoudien. Pendant des décennies, Khashoggi avait maintenu des liens étroits avec la famille royale saoudienne, notamment en tant que conseiller médiatique de l'ancien chef du renseignement saoudien, le prince Turki bin Faisal. Mais avec l'arrivée de Mohammed Ben Salman ( MBS) au pouvoir en 2015, Khashoggi a perdu ses faveurs auprès de la famille royale, préférant quitter le pays. Khashoggi a choisi de se réfugier à Washington DC en 2017, et est devenu chroniqueur pour le Washington Post et commentateur sur la politique saoudienne dans les médias internationaux.  Le journaliste séjournait régulièrement en Turquie où il avait décidé d’élire domicile  en vue d’un remariage avec une ressortissante turque, mais lors d’un rendez- vous au consulat de son pays pour établir des documents officiels, sa fiancée qui l’attendait à l’extérieur du consulat ne l’a jamais vu en ressortir. Il fut établi ensuite par les autorités turques que Khashoggi fut assassiné par injection létale et démembré  par un commando d’environ 15 hommes  venus spécialement d’Arabie Saoudite pour ce fait.   D'entrée de jeu, Alkarama a suivi le cas du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le 10 octobre, en partenariat avec ALQST et Reporters sans frontières et a  écrit au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, l'appelant à intervenir d'urgence sur le cas du journaliste Khashoggi.  
Bien que le Royaume saoudien ait reconnu le crime des hommes ayant assassiné le journaliste, il continue de nier l’implication du prince héritier Ben Salman dans le meurtre de Jamal Kashoggi et maintient que les auteurs ont agit sans l’aval du Prince héritier pendant  que le cadavre du journaliste reste, à ce jour, toujours introuvable.
Pourtant,  un rapport de l’ONU  mené par Agnès Callamard, Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et ancienne experte d’Amnesty International, met en cause l’implication directe du prince héritier MBS dans cette affaire.
L'assassinat de Khashoggi n’est en réalité que la partie visible de l’iceberg d'une répression généralisée contre toute dissidence et  liberté d'expression dans le Royaume d'Arabie saoudite, où  à ce jour plus de 143  personnes appartenant à tous les segments de la société, y compris des membres de la famille royale, des défenseurs des droits de l'homme, des hommes d'affaires, des chercheurs et des personnalités publiques  font l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires.
Les exilés saoudiens ont exprimé leur crainte que l'assassinat de Khashoggi constitue d’une part un avertissement clair qu'aucune critique du royaume, même à l'extérieur du pays ne sera tolérée et d’autre part un exemple de la cruauté avec laquelle le régime punit toute dissidence même pacifique.  
 Lors des sessions de l'EPU  du 5 novembre 2018 sur le bilan du Royaume en matière de droits de l’homme , les discussions se sont axés autour du  cas de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, et la majorité des recommandations émises à cet égard appelaient à une enquête indépendante et approfondie sur ce meurtre.
Le 14 mars 2019, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a officiellement adopté les résultats définitifs de l'Examen périodique universel du Royaume d'Arabie saoudite, le Royaume d'Arabie saoudite ayant reçu un total de 258 recommandations sur un certain nombre de questions, notamment la peine de mort, la torture et les violations dans le contexte de la lutte contre le terrorisme , le droit à la liberté d’expression, le système de tutelle masculine et l’assassinat de Jamal Khashoggi.
Mais en septembre 2020, lors d’un procès présenté comme verdict final,  parmi les accusés du meurtre de Jamal Khashoggi,  5 d’entre eux ont vu leurs peines capitales annulées et ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Le Rapporteur Spécial Agnès Callamard a qualifié ce procès d’ «  inéquitable » tandis que la Turquie affirme ne pas compter en rester là concernant cette affaire.