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محمد البجادي

Le 8 avril 2025, la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, a exprimé son inquiétude concernant la détention continue du militant saoudien des droits humains Mohammed Saleh Al-Bajadi, malgré le fait que sa peine ait officiellement pris fin en 2023. 

Al-Bajadi (46 ans) est l'un des prisonniers de conscience les plus emblématiques de l'Arabie saoudite et un membre fondateur de l'Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA). L'organisation avait appelé à une intervention urgente du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDF) après la disparition forcée d'Al-Bajadi lors de son arrestation le 24 mai 2018. 

Al-Bajadi a été arrêté vers 23h00 lorsque des agents de sécurité, vêtus de tenues civiles et militaires, ont fait une descente chez lui, l'ont détenu sans présenter de mandat d'arrêt et l'ont emmené dans un lieu inconnu. Il a participé à la fondation de l'ACPRA, désormais interdite, qui documentait les violations des droits humains, déposait des plaintes contre le ministère de l'Intérieur et informait le Conseil des droits de l'homme et les procédures spéciales de l'ONU des graves violations des droits humains en Arabie saoudite. 

Depuis 2011, les autorités saoudiennes ont lancé une campagne contre les membres de l'ACPRA, les détenant et les poursuivant arbitrairement pour leurs activités pacifiques en matière de droits humains. 

Al-Bajadi avait été arrêté pour la première fois en mars 2011 après avoir participé à une manifestation devant le ministère de l'Intérieur à Riyad. Plus d'un an plus tard, il a été jugé et, en avril 2012, le tribunal l'a condamné à quatre ans de prison et à un interdiction de voyager de cinq ans pour "avoir diffamé publiquement le pays et mis en doute l'indépendance de la justice" et "avoir participé à la création d'une organisation de défense des droits humains", ce qui violait ses droits à la liberté d'expression et à la réunion pacifique. Al-Bajadi a fait appel de la sentence et, en mars 2015, la Cour pénale spécialisée de Riyad – compétente pour les affaires de terrorisme – l'a condamné à dix ans de prison dont cinq ans avec sursis. 

Al-Bajadi s'est abstenu de toute activité de défense des droits humains après sa libération en novembre 2015. Sa disparition forcée s'inscrit dans le cadre d'une répression sans précédent de la liberté d'expression en Arabie saoudite, qui a débuté en septembre 2017. Des dizaines de personnalités publiques, d'activistes et de leaders religieux ont été ciblés, la plupart étant arrêtés soit pour avoir opposé une résistance aux politiques gouvernementales, soit pour n'avoir pas publiquement soutenu les efforts saoudiens contre le Qatar. 

De son côté, Alkarama a appelé le Groupe de travail des Nations Unies à intervenir d'urgence auprès des autorités saoudiennes, exigeant leur libération immédiate et, en tout cas, garantissant sa protection en vertu de la loi et informant sa famille de son sort et de son lieu de détention.