Arabie saoudite : Ouverture du procès contre Dr Said bin Zair ; lourdes peines prononcées contre d'autres partisans de la réforme politique

Le Tribunal pénal spécial de Riyad a rendu son verdict aujourd'hui dans l'affaire d'un groupe de partisans de la réforme politique, parmi lesquels Dr Saud Mukhtar Al-Hashimi et Sulaiman Al-Rashoudi, détenus depuis plusieurs années en-dehors de toute procédure légale. La juridiction a retenu de très lourdes peines contre les opposants politiques allant de 13 à 30 ans d'emprisonnement.


Demain, mercredi 23 novembre 2011, s'ouvrira le procès du Dr Said bin Zair, lauréat du Prix Alkarama 2011, opposant politique partisan de la réforme, devant la même juridiction. Dr Said bin Zair est détenu depuis quatre ans en-dehors de toute procédure légale. Deux de ses fils, Mubarak et Saad, qui sont détenus dans la même prison que lui sans avoir été en mesure de le voir, seront eux aussi présentés devant le tribunal pénal spécial de Riyad. Ils n'ont jamais été formellement inculpés auparavant et n'ont pas pu bénéficier de l'assistance d'un avocat pour assurer leur défense. La famille du Dr bin Zair, n'ayant pas été en mesure d'obtenir un droit de visite depuis plus d'un an et demi, n'a pas été informée formellement de la date de l'audience; c'est par des voies non officielles qu'elle a pu apprendre la date du procès.

Dr bin Zair est connu en Arabie saoudite pour avoir milité publiquement et en toute indépendance en faveur d'une réforme politique. Il a déjà été arrêté et détenu plusieurs fois ; en l'espace de 15 années, il n'a pu jouir de sa liberté que durant 39 mois. Il a été emprisonné pendant plus de huit ans entre 1995 et 2003 et pendant un an entre 2004 et 2005 pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression et exprimé son opinion sur la situation politique dans son pays dans une interview diffusée sur la chaîne de TV Al Jazeera en 2004. Sa dernière arrestation remonte au 6 juin 2007 ; il a été accusé sans preuve d'être impliqué dans des activités terroristes par les autorités saoudiennes sans qu'elles ne mentionnent aucun fait précis. Ces vagues accusations sont utilisées de manière systématique contre toute personne qui exprime une opinion politique contraire à celle des autorités.

Dans les avis No. 36/2008 du 21 novembre 2008, No. 27/2007 du 28 novembre 2007, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU a qualifié la détention du Dr Saud Mukhtar Al-Hashimi, Sulaiman Al-Rashoudi et leurs collègues d'arbitraires et a appelé les autorités à les libérer. Les avis du Groupe de travail sur les cas de détention arbitraire en Arabie saoudite sont parmi les plus nombreux parmi tous ceux de la région.

Alkarama a informé le Groupe de travail sur ces procès inéquitables afin qu'il prenne les mesures nécessaires auprès des autorités saoudiennes qui tentent de légitimer ces détentions malgré les critiques persistantes de la communauté internationale. Hommes, femmes, enfants, personnes âgées ou handicapées, riches, pauvres... aucun âge, aucun genre, aucune classe sociale n'a été épargnée par le fléau de la détention arbitraire en Arabie saoudite. Selon les estimations des organisations de défense des droits de l'homme, le nombre de personnes détenues arbitrairement en Arabie saoudite s'élèverait à 20 000.

Les accusations retenues par les autorités saoudiennes contre les opposants sont le plus souvent infondées et frisent le ridicule. Dans l'affaire Mokhlif Al-Shammari dont le cas a été soumis par Alkarama à l'ONU, la victime a été présentée devant un tribunal compétent pour examiner les affaires de terrorisme alors qu'elle avait d'abord été accusée d' « importuner les autres ». Comment peut-il être traduit devant une telle juridiction sur la base d'une telle accusation ? Si les autorités saoudiennes agissent de la sorte, quelles accusations vont-elles inventer pour Abdulrahman Al-Jazairy, le petit garçon qui a passé son quatrième anniversaire en prison avec sa mère et ses deux sœurs Jana et Nammur ?

Alkarama appelle de nouveau les autorités saoudiennes à libérer tous les prisonniers d'opinion et à prévoir des mesures d'indemnisation pour le préjudice moral et physique subi dû à ces années de détention ou le cas échéant, de les juger lors de procès équitable qui soit en conformité avec les normes internationales établies en la matière et en présence d'organisations de défense des droits de l'homme locales et internationales.