Arabie saoudite : Menacés d’extradition vers la Chine, Aimidoula WAILI et Nuermaimaiti RUZE sont portés disparus
Le 10 mai 2023, Alkarama a soumis un appel urgent au Groupe de travail de l’ONU sur les disparitions forcées afin que la lumière soit faite sur le sort d’Aimidoula WAILI et de Nuermaimaiti RUZE, citoyens chinois d’origine Ouighours, portés disparus depuis leur transfert vers la capitale Riyad au courant du mois de mars 2023.
Arrêtés pendant un pèlerinage religieux
Les deux citoyens ouighours, résidants habituellement en Turquie s’étaient rendus en Arabie saoudite le 2 février 2020 pour accomplir le pèlerinage de la « Umrah » mais n'ont pas pu retourner à Istanbul où ils vivent avec leurs familles en raison de l'épidémie de COVID-19.
Le 20 novembre 2020, des policiers saoudiens ont fait irruption dans la maison qu'ils occupaient à La Mecque et les ont arrêtés sans fournir de détails sur les raisons de leurs arrestations. Les deux victimes ont été détenues au secret dans la prison centrale de Dhahban à Jeddah (Ouest, Mekkah) dans l’ignorance totale d’éventuelles charges pesant contre elles.
Le 3 janvier 2022, les autorités saoudiennes les ont informées qu’ils seraient extradés vers la Chine sans leur donner d’explications. Coupées du monde extérieur, ils ont été interdits de communiquer avec leurs familles et privés de toute possibilité de recours contre cette décision.
Le 13 janvier 2022, Alkarama s’est adressé pour la première fois au Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture pour lui demander d’intervenir d’urgence auprès des autorités saoudiennes pour les exhorter à respecter les termes de la Convention contre la torture et de s’abstenir à extrader les deux victimes vers la Chine.
Portés disparus depuis leur transfert
Les deux hommes ont cependant été transférés dans le courant du mois de mars dernier vers la capitale saoudienne, Riyad, en vue d’une expulsion vers la Chine. Leurs familles respectives qui n'ont reçu aucune confirmation de leur renvoi forcé ou de l'endroit où ils se trouvent actuellement n’ont réussi à obtenir aucune information sur leur sort.
Alkarama a donc soumis en urgence leur cas au Groupe de travail de l’ONU sur les disparitions forcées ou involontaires afin que leur sort soit clarifié.
Situation préoccupante des Ouighours
Le 31 aout 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié une évaluation des préoccupations relatives aux droits de l’homme dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine.
Cette évaluation a été menée à la suite de graves allégations de violations des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours et d’autres communautés majoritairement musulmanes portées à l’attention du HCDH et des mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies depuis la fin de l’année 2017, notamment dans le cadre des politiques et mesures du Gouvernement chinois visant à lutter contre le terrorisme et « l’extrémisme ».
Selon le HCDH « Les deux tiers des vingt-six anciens détenus interrogés, ont déclaré avoir été soumis à des traitements assimilables à la torture et/ou à d'autres formes de mauvais traitements ».