Arabie saoudite : Les proches d'Al Hawali condamnés à des peines plus sévères à titre de représailles

الدكتور سفر الحوالي وأولاده

La Cour d'appel saoudienne a, à titre de représailles, doublé les peines d'emprisonnement de plusieurs proches de l'éminent prédicateur Safar bin Abdulrahman AL HAWALI pour avoir réfuté les accusations et refusé l’injustice subie.

Selon des sources saoudiennes de défense des droits humains, la Cour d'appel a décidé d'alourdir la peine prononcée à l'encontre de Saadallah Al Hawali, frère du Dr Safar Al Hawali, de 4 à 14 ans.

Elle a également décidé d'augmenter les peines prononcées à l'encontre des fils d'Al Hawali comme suit: Abdulrahman Al Hawali de 7 ans à 17 ans, Abdullah Al Hawali de 6 ans à 16 ans, et Abdulrahim Al Hawali de 6 ans à 15 ans.

Interrogé au sujet de ces récentes condamnations, le directeur d’Alkarama, Rachid MESLI, a noté que "Les autorités saoudiennes, à travers les peines sévères prononcées en appel, visent à priver les victimes du droit de faire appel, dans le cadre d'une politique systématique visant à donner l'impression aux experts des droits de l'homme des Nations Unies que les décisions rendues son justes."

En décembre 2022, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH) a de nouveau appelé les autorités saoudiennes à libérer immédiatement l'éminent érudit religieux Safar bin Abdulrahman Al Hawali (70 ans), détenu arbitrairement depuis le 12 juillet 2018 après avoir publié un livre dans lequel il critiquait les choix de politique internationale du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et émettait des recommandations à son attention.

Les forces de sécurité de l'État ont arrêté les fils et le frère d'Al Hawali à titre de vengeance et d’intimidation. Depuis son arrestation, Al Hawali qui s'est vu refuser des soins appropriés malgré son trouble de la parole et sa santé extrêmement fragile a également été coupé de tout contact avec le monde extérieur.

Persécution longue et continue d'un érudit religieux et de ses proches par les autorités saoudiennes

Al Hawali est un éminent érudit religieux et un membre du mouvement de réforme saoudien (ou de ce que l'on appelle le "réveil islamique"). Les intellectuels contemporains impliqués dans ce mouvement, qui a émergé dans les années 50, ont ouvertement critiqué le prince héritier Mohammed bin Salman pour ses politiques. Le mouvement Sahwa a été pris pour cible dans le cadre de la répression de la liberté d'expression exercée par le prince héritier à l'encontre d'autres érudits, dont l'éminent réformateur Salman Al Awdah.

Safar Al Hawali et ses fils Abdullah, Abdelrahman, Ibrahim, Abdelrahim et son frère Saadallah ont tous été arrêtés par les autorités entre le 11 et le 13 juillet 2018. Safar Al Hawali et son fils Ibrahim (qui a été libéré par la suite) ont été arrêtés dans la matinée du 12 juillet lorsque des agents des services de renseignement de la sûreté de l'État (SSI) sont arrivés en ambulance et ont fait une descente à leur domicile dans le village de Hawala. Safar Al Hawali et son fils ont été emmenés, les yeux bandés, vers un lieu inconnu. Le même jour, les forces de sécurité de l'État ont arrêté son jeune frère Saadallah à son domicile.

Depuis son arrestation, M. Al Hawali n'a eu que très peu d'occasions pour communiquer avec sa famille. En raison de son grave trouble de la parole, il ne peut pas communiquer par téléphone, et les autorités n'ont pris aucune mesure pour faciliter le contact de M. Al Hawali avec sa famille ou son avocat. En outre, le procureur de la sûreté de l'État a arbitrairement autorisé des visites sporadiques de la famille.

Ces mauvais traitements sont particulièrement durs, étant donné que M. Al Hawali souffre d'un accident vasculaire cérébral récurrent qui a entraîné des troubles permanents de l'élocution, ce qui l'empêche de parler clairement ou de comprendre. Il souffre également d'une fracture du bassin et d'une insuffisance rénale qui nécessite des soins médicaux constants. La santé de M. Al Hawali s'est gravement détériorée immédiatement après son arrestation. Malgré son handicap, son âge avancé et la détérioration de son état de santé, il s'est vu refuser des soins médicaux et a été détenu au secret.

En guise de sanction pour ses critiques à l'égard du prince héritier, Safar Al Hawali est en fait laissé pour mort en détention, isolé du monde extérieur et de ses proches, et vivant dans la crainte du harcèlement et des menaces à l'encontre de ses proches.

La plainte et l'action urgente d'Alkarama devant le Comité des droits des personnes handicapées

A la lumière de ces faits, et étant donné que l'état de santé de Safar Al Hawali constitue un handicap qui ne lui permet pas de s'exprimer ou de se soigner, Alkarama a décidé de saisir le Comité des droits des personnes handicapées. Le 12 octobre 2020, Alkarama a soumis une plainte à ce Comité onusien, soulignant l'insistance des autorités saoudiennes à persécuter le savant religieux et ses proches.

La plainte soulignait que la vie de M. Al Hawali était menacée de manière imminente, grave et irréversible, compte tenu du risque élevé que courent les personnes âgées de développer une maladie aiguë après avoir contracté le COVID-19.

En conséquence, Alkarama a demandé au Comité d'aborder directement avec les autorités la question des représailles contre M. Al Hawali et sa famille. En vertu de ses obligations conventionnelles, l'Arabie saoudite doit libérer immédiatement M. Safar Al Hawali et les membres de sa famille et cesser toute forme de harcèlement et d'intimidation à leur encontre.

Demandes répétées d’experts de l’ONU pour la libération immédiate d’Al Hawali, en vain

En déposant une plainte auprès du Comité des droits des personnes handicapées, Alkarama s’est saisie de l’affaire à travers l’action des Nations Unies la plus forte disponible, l’Arabie saoudite ayant accepté la Convention relative aux droits des personnes handicapées en vertu de laquelle des plaintes individuelles peuvent être déposées. A ce titre, lorsque des personnes particulièrement vulnérables sont victimes de détention arbitraire et de mauvais traitements, les représentants de la victime peuvent, compte tenu de l'urgence de la situation, déposer une plainte et solliciter des « mesures d’urgence ».

La Convention relative aux droits des personnes handicapées permet d’exiger des autorités saoudiennes qu’elles prennent d’urgence les mesures nécessaires avant même que les faits de l’affaire ne soient examinés. En vertu de l’article 4 du Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, il peut être demandé à l’État partie de prendre des mesures provisoires afin d’éviter tout préjudice irréparable que l’auteur pourrait subir si sa détention se poursuit, et ce, tant que l’affaire reste examinée par le Comité.

Sur cette base, le Comité des droits des personnes handicapées a demandé aux autorités saoudiennes, entre autres, « d’organiser la libération immédiate d’Al Hawali ». Cette libération doit assurer sa sécurité et veiller à ce que toutes les précautions soient prises pour éviter tout préjudice éventuel. En outre, l’État doit veiller à ce que Safar Al Hawali reçoive des soins médicaux appropriés à domicile ou dans tout autre établissement médical de son choix.

En tant que forme manifeste de représailles et de sanction contre Al Hawali et ses proches, les autorités saoudiennes ont refusé à plusieurs reprises de répondre aux demandes formulées d’abord en novembre 2020, puis à nouveau en décembre 2022.

Alkarama continuera à faire pression par le biais des mécanismes juridiques internationaux jusqu’à ce que M. Al Hawali et les membres de sa famille soient finalement libérés et que les persécutions prennent fin.