Arabie saoudite: Le soutien pour la cause palestinienne, ligne rouge du Royaume

السعودية وفلسطين

Alkarama condamne le maintien en détention, par les autorités saoudiennes, des personnes ayant condamné les violations des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés et appelle à leur libération immédiate. 

Alkarama note que le gouvernement saoudien pratique depuis des décennies une politique de répression et de restrictions à l'encontre de toutes les voix pacifiques de l'opposition, et souligne qu’il est toujours difficile de comprendre l’augmentation de la fréquence de la répression contre toute voix qui s'oppose à l'occupation israélienne en Palestine ou soutient le droit de le peuple palestinien à l’indépendance, à l’autodétermination et à la résistance. 

Malgré les réformes dans le domaine des libertés individuelles, adoptées par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane depuis qu'il a pris le contrôle pouvoir effectif du pays, il n'y a pas eu d'amélioration de la situation des droits de l'homme en général. Alors que les violations se sont aggravées, la liste des interdictions s'est élargie pour y inclure toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien en dépit de la guerre violente menée par l'occupation depuis environ six mois dans la bande de Gaza ayant entrainé d'énormes destructions et causé plus de cent mille morts et blessés dont la plupart des enfants et des femmes. 

Au fil des années, Alkarama a documenté de nombreuses arrestations par les autorités saoudiennes de personnalités ayant pris la défense des droits du peuple palestinien face à l'occupation qu’il s’agisse de ressortissants saoudiens ou d'autres nationalités arabes. 

Des cas à titre d'exemples 

Le journaliste jordanien d'origine palestinienne, Abdulrahman Farhana, par exemple, figure parmi ces personnes qui continuent d'être opprimées et persécutées en raison de leur sympathie envers la résistance palestinienne. 

Arrêté le 22 février 2019, Farhana avait fait l'objet d'une disparition forcée jusqu'au 15 juin 2019. En 2020, en raison de la pandémie de COVID-19, il a été placé à l'isolement pendant six mois. Le 8 mars 2020, Farhana a comparu devant le parquet saoudien pour « appartenance à une entité terroriste ». Sa première audience s'est tenue le 10 mars 2020 devant le Tribunal pénal spécial saoudien qui l'a condamné le 8 août 2021 à 19 ans d’emprisonnement. Il est actuellement détenu à la prison de Dammam selon plusieurs sources oeuvrant dans le domaine droits de l'homme. 

Le 18 novembre 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a adopté l'avis n° 84/2022 dans lequel il a conclu que la détention d'Abdulrahman Farhana était arbitraire. Bien que sa libération immédiate ait été exigé il continue cependant d’être maintenu en détention. 

Dans une affaire similaire, courant avril 2019, les enquêtes de la sûreté de l'État ont arrêté Mohammed Saleh Al Khudari, responsable des relations au sein du mouvement de résistance palestinien Hamas en Arabie saoudite, et son fils. Le tribunal pénal saoudien l'a condamné en août 2021 à 15 ans de prison pour soutien au Hamas. D’autres peines ont été prononcées à l’encontre de 69 ressortissants Jordaniens et Palestiniens, la plupart ayant été condamnés à 22 ans de prison. 

Si Al Khudari a été libéré courant octobre 2022, des dizaines de détenus sont toujours derrière les barreaux y compris des universitaires saoudiens qui avaient ouvertement manifesté leur positionnement en faveur de la cause palestinienne et appelé les gouvernements arabes à intervenir pour mettre fin à l'occupation. Parmi eux : Salman Alodah, Awad Al-Qarni, Abdulaziz Al-Tarifi, Nasser Al Omar, Ali Al Omari, Muhammad Musa Al-Sharif, Ali Badahdah, Adel Banameh, Bader Al Mashari, Safar Al Hawali, Ibrahim Al-Harthy, Ibrahim Al Dawish et d'autres. 

« Les restrictions pratiquées par les gouvernements arabes en général à l'encontre des militants soutenant les droits du peuple palestinien semblent avoir porté leurs fruits en créant un état de peur. Il est remarquable qu'en dépit des horribles massacres perpétrés pendant l'actuelle guerre israélienne contre Gaza, la plupart des capitales arabes en général n'aient pas connu de mouvement de solidarité comme par le passé », a déclaré l'avocat Rachid Mesli, directeur d'Alkarama. 

Maître Mesli a appelé à la libération des prisonniers d'opinion, y compris des nombreux détenus dans les prisons saoudiennes et en particulier de tous ceux qui n’ont fait qu'user de leur droit d'exprimer leur solidarité envers le peuple palestinien et souligné leur droit à l'autodétermination et à la légitime défense.