Arabie saoudite : La détention arbitraire de pèlerins yéménites portée devant l’ONU

Yemenis Victims

Le 23 mai 2023, Alkarama a saisi les procédures spéciales des Nations Unies parmi lesquelles le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) du cas de quatre ressortissants yéménites arrêtés par la police le 23 avril 2022 dans la région de Taïf au sud de l’Arabie saoudite sous prétexte d’être affiliés au groupe houthi au Yémen alors qu’ils se rendaient à la « Omra », (pèlerinage religieux) à La Mecque. 

Une arrestation totalement arbitraire 

M. Abdullah Moqbel Zayed AL OSIMI, M. Hemyar Abdullah Moqbel AL OSIMI, M. Mahmood Hamid Qaid AL BROUSHI et M. Arhan Moqbel Zayed Moqbel HAMAEELAH ont tous obtenu un visa officiel pour se rendre en Arabie saoudite. 

Le 23 avril 2022, alors qu’ils se rendaient à La Mecque, leur véhicule a été soudainement arrêté par cinq voitures de police dans la région d’Aqbat à Al Hada dans le gouvernorat de Taïf. Aucune explication quant aux raisons de leur arrestation ne leur a été donnée et aucun mandat d’arrêt ne leur a été signifié. Ils ont été conduits manu militari au poste de police d’Al Faisaliyah où il leur a été annoncé qu’ils étaient soupçonnés d’être affiliés aux milices houthis. 

Après 38 jours de détention au secret au cours desquels ils ont subi tortures et traitements inhumains et dégradants, ils ont été emmenés le 30 mai 2022 à la prison centrale d’Al Masara à Taïf avant d’être transférés à nouveau à la prison de Dhahban à Djeddah le 22 juin 2022. 

Ce n’est qu’après leur arrivée à la prison centrale d’Al Masara à Taïf qu’ils ont été autorisés à contacter leurs familles pour leur annoncer brièvement qu’ils étaient détenus et ce n’est que le 5 décembre 2022, soit plus de sept mois après leur arrestation, que les quatre hommes ont reçu une première visite familiale à la prison de Dhahban à Djeddah. 

Les demandes sans succès des autorités yéménites 

Les familles des victimes ont contacté plusieurs personnalités du gouvernement yéménite pour demander leur intervention et obtenir la libération de leurs proches et de témoigner qu’elles n’ont aucun contact avec aucune milice, y compris les Houthis. 

C’est ainsi que le gouverneur d’Amran a envoyé une lettre aux autorités saoudiennes indiquant que les quatre ressortissants yéménites n’appartiennent à aucune milice armée de même que le chef d’état-major de l’armée nationale yéménite qui a saisi également le commandant des Forces de soutien de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen confirmant la lettre du gouverneur. 

En dépit de ces témoignages et de ces interventions, les quatre victimes ont été maintenues arbitrairement en détention à l’isolement et soumis à un régime particulièrement sévère. 

Les procédures spéciales de l’ONU saisies par Alkarama 

Mandatée par les familles, Alkarama s’est donc adressé au GTDA, au rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ainsi qu’aux rapporteuses spéciales sur la torture et sur la liberté de religion afin d’enjoindre à l’Arabie saoudite de libérer immédiatement et sans condition les quatre victimes. 

L’arrestation croissante de pèlerins, une atteinte grave à la liberté religieuse 

Alkarama est aujourd’hui particulièrement préoccupée par les arrestations répétées de pèlerins au cours de ces dernières années. 

Récemment encore, deux pèlerins chinois d’origine ouïgours demeurant à Istanbul, Aimidoula WAILI et Nuermaimaiti RUZE ont été arrêtés à la Mecque par la police saoudienne. 

Transférés à Ryad dans le courant du mois de mars 2023 et leurs familles n’ayant plus obtenues aucune nouvelle depuis, Alkarama a soumis un appel urgent au Groupe de travail de l’ONU sur les disparitions forcées le 10 mai 2023, afin que la lumière soit faite sur leur sort. 

Alkarama qui accorde une importance particulière au respect de la liberté religieuse et de la sécurité du pèlerinage aux lieux saints de l’Islam ne manquera pas de soulever cette question lors du prochain Examen périodique universel de l’Arabie saoudite qui se déroulera prochainement sous l’égide du Conseil des droits de l’homme.