Arabie Saoudite : Abdullah Al-Nuaimy, ancien prisonnier de Guantanamo, détenu pendant 13 mois sans procès

La détention arbitraire d’anciens détenus de Guantanamo en Arabie Saoudite a été largement rapportée sur le plan international – des campagnes de dénonciation de ces détentions et disparitions sont de plus en plus fréquentes dans la région du Golf.
L’actuel programme de détention de cette catégorie de personnes peut être considéré comme le prolongement de la politique saoudienne antiterroriste mise en place en 2003 et encouragée par les États-Unis. L'affaire du ressortissant bahreïni, Abdullah Al-Nuaimy, ancien détenu du camp de Guantanamo est emblématique. Fondateur du « comité de soutien pour les détenus de Guantanamo », il est actuellement détenu à la prison de Dammam en Arabie Saoudite.
Le 29 octobre 2008, alors qu'il se rendait, accompagné d'un ami, en Arabie Saoudite, par la route, il a été arrêté au poste frontière du pont Fahd entre les deux pays par les services de sécurité saoudiens et emmené vers une destination inconnue.

Alkarama avait adressé le 30janvier 2009 une communication au Groupe de travail sur les disparitions forcées, au Rapporteur spécial sur la torture et à la Représentante spéciale pour les défenseurs des droits de l'homme pour leur demander d'intervenir en urgence auprès des autorités saoudiennes.

Celles-ci n'ont depuis entrepris aucune démarche pour faire libérer M. Al Nuaimy ou le présenter devant une autorité judiciaire compétente. Selon des informations auxquelles Alkarama a pu accéder inofficiellement, M. Al-Nuaimy aurait réapparu à la prison de Damman au mois d'avril 2009.

Durant les 13 mois de sa détention arbitraire, Abduallah Al-Nuaimy n’a jamais été présenté devant un juge ou un magistrat ni fait l’objet d’une procédure légale ; de plus, il n’a jamais été informé des raisons de son arrestation et de sa détention.

En juillet 2009, les autorités saoudiennes ont annoncé avoir condamné plus de 300 personnes pour terrorisme lors de procès qui, d’après nos sources, étaient inéquitables et qui se sont déroulés à huis clos.

Il n'est pas étonnant que les États-Unis et le Royaume-Uni qui avaient publiquement salué le programme antiterroriste de « rééducation religieuse » saoudien pour les détenus de Guantanamo,  n’aient pas encore condamné la détention arbitraire de milliers de personnes actuellement emprisonnées dans toute l’Arabie Saoudite.

Á présent, Alkarama a soumis l’affaire de Abdullah Al-Nuaimy au Groupe de travail sur la détention arbitraire. Ce genre de violation, courante en Arabie Saoudite, est en contradiction avec les principes édictés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit interne d’Arabie Saoudite.

La détention arbitraire d’Abdullah Al-Nuaimy montre combien est précaire la situation des anciens détenus de Guantanamo.

Guantanamo et la promesse du président Obama

La campagne internationale pour la libération et réhabilitation des détenus de Guantanamo a été largement appuyée. Le président américain Barack Obama a bien signé le 22 janvier 2009 un ordre  de fermeture du centre de détention de Guantanamo Bay en janvier 2010, mais jusqu'à ce jour, les mesures prises par l'administration américaine montrent que celle-ci fait tout pour éviter des enquêtes sur les violations des droits de l’homme commises dans ce camps.

D'anciens détenus se mobilisent afin de lancer une campagne internationale pour que la fermeture  annoncée de ce camp devienne une réalité. Malgré leurs efforts coordonnés, les chances que le délai soit respecté sont minimes. Avec la récente démission de Philip Carter, en poste au département de la défense américaine et chargé de la fermeture du camp de Guantanamo, le 24 novembre 2009 et une administration américaine qui cherche des solutions pour enfermer certains des détenus de Guantanamo dans une prison de haute sécurité à Thomson dans l’Illinois, l'espoir d’une issue satisfaisante ne parait guère se concrétiser.