Algérie : Abdelaziz Nadji, libéré de Guantanamo pour être emprisonné à El-Harrach
En dépit de son refus d'être renvoyé vers l'Algérie où il craignait faire l'objet de persécutions et de mauvais traitements, il a finalement été livré par les Etats-Unis aux autorités algériennes le 19 juillet 2010. Dès son arrivée à l'aéroport d'Alger, il a été enlevé par des agents du département du renseignement et de la sécurité,(DRS) qui l'ont conduit dans un centre de détention secrète en dépit des assurances diplomatiques données par les autorités d'Alger au Département d'Etat américain.
M. Abdelaziz Nadji a été placé au secret et n'a été libéré qu'après la mobilisation d'ONG locales et internationales ainsi celle de plusieurs avocats , en particulier après la publication d'un article dans le New York Times (1). Il a cependant été placé sous liberté surveillée, sans que cela ne soit ordonné par une décision de justice. Il a également été contraint de se présenter tous les mercredis à 9 heures à la caserne militaire du DRS de Batna, au lieu-dit « les Allées » .
Le 15 janvier 2012, il a appris que son procès devait se dérouler le lendemain à Alger devant le tribunal criminel. Il n'y avait pas été convoqué. Il s'y est rendu par ses propres moyens et à la surprise générale, il a été condamné le 16 janvier 2012 à 3 années de prison pour « appartenance à un groupe terroriste activant à l'étranger ». Les faits reprochés par le tribunal étaient identiques à ceux lesquels il avait été détenu à Guantanamo. Il lui avait notamment été reproché de s'être enrôlé dans une organisation classée comme terroriste activant au Cachemire indien.
M. Nadji a décidé de former un pourvoi en cassation contre cette décision. Il a entamé depuis une grève de la faim pour protester contre cette violation manifeste de ses droits fondamentaux et en l'occurrence le fait d'être de nouveau pénalement poursuivi pour des faits pour lesquels il a été détenu arbitrairement durant 08 années dans des conditions inhumaines.
Sa famille est particulièrement révoltée par la condamnation de Abdelaziz NADJI qui a déjà énormément souffert des tortures et de la détention arbitraire dont il a été victime dans la base américaine de Guantanamo. Lors de sa visite le 22 janvier à la prison d'El-Harrach, elle a constaté que son état de santé s'était rapidement dégradé.
M. Abdelaziz Nadji est l'un des rares ex-détenus de Guantanamo qui a été poursuivi et condamné une peine de prison dans le pays d'origine. Avant lui, Abdallah Hajji, ressortissant tunisien, qui avait été libéré en juin 2007 par les autorités américaines après cinq ans de détention dans le camp américain de Guantanamo alors qu'aucune accusation n'avait été retenue contre lui, a été condamné par un tribunal tunisien en 2007 à huit ans de prison ferme. Il a été libéré en janvier 2011 après la chute du régime du président Benali.
1.http://www.nytimes.com/2010/07/25/opinion/25sun1.html?_r=1&scp=4&sq=algeria&st=cse