
Il y a dix ans, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé, par sa résolution A/RES/69/293 en date du 19 juin 2015, la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, célébrée chaque année le 19 juin. Cette journée vise à « de sensibiliser à la nécessité d'y mettre un terme, de manifester de la solidarité envers les victimes et de rendre hommage à celles et ceux qui luttent en première ligne pour éliminer ces crimes. »
Selon la définition des Nations Unies, la violence sexuelle en temps de conflit englobe le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, l’avortement forcé, la stérilisation forcée, le mariage forcé, ainsi que d’autres formes de violence sexuelle d’une gravité comparable, perpétrées à l’encontre de femmes, d’hommes, de filles ou de garçons, ayant un lien direct ou indirect avec un conflit. Le terme comprend également la traite des personnes à des fins de violence sexuelle ou d’exploitation dans le contexte des conflits.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré dans un message à l’occasion de cette journée : « Trop souvent, les auteurs de ces violences sont en liberté, baignant dans l'impunité, tandis que les survivants portent souvent le fardeau insupportable de la stigmatisation et du traumatisme. La douleur ne s'arrête pas avec eux. Elle s'étend sur toute une vie, ravageant des générations de familles et léguant aux descendants des survivants les séquelles du traumatisme et de la souffrance. »
Le monde arabe, déchiré par de nombreux conflits violents, constitue l’un des principaux théâtres de cette violence. Ces dernières années ont vu une augmentation alarmante des cas dans plusieurs pays arabes, où la violence sexuelle est utilisée comme une arme de guerre pour terroriser les civils et asseoir un contrôle.
Lors de sa présentation au Conseil de sécurité de l’ONU, le 23 avril 2024, du quinzième rapport annuel du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits, Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits, a déclaré que les violations de ce type avaient augmenté de 50 % en 2023 par rapport à l’année précédente. Ce rapport couvre plusieurs pays arabes, notamment la Palestine, la Libye, le Yémen, le Soudan, l’Irak et la Syrie.
Dans ce contexte, Alkarama alerte sur la gravité de ce crime odieux, utilisé comme véritable arme de guerre pour semer la terreur au sein des populations et déchirer le tissu social. Ce phénomène est particulièrement préoccupant dans le conflit en cours au Soudan. Grâce au travail de ses équipes de surveillance bénévoles sur le terrain, Alkarama a pu recueillir de nombreux témoignages accablants faisant état de violences sexuelles infligées à des femmes et des jeunes filles, en particulier dans les zones soumises à de violents affrontements ou placées sous le contrôle des Forces de soutien rapide, appuyées par les Émirats arabes unis.
Par conséquent, Alkarama considère que la violence sexuelle dans les conflits armés dans les pays arabes constitue un crime abominable et un enjeu urgent nécessitant une réponse coordonnée des gouvernements, de la société civile et en particulier des organisations de défense des droits humains. Il est impératif de renforcer les mécanismes de reddition de comptes, de soutenir les victimes et de prévenir l’usage de la violence sexuelle comme outil de guerre.