Battu, affamé, malade et isolé, l'homme a pourtant survécu à sa détention. Sami El Haj a quitté Guantanamo il y a quelques semaines. Ce caméraman d'Al Jazeera avait été capturé en décembre 2001 au Pakistan, alors qu'il s'apprêtait à couvrir la guerre en Afghanistan.
Dans une interview au 19:30 de la TSR, Sami El Haj détaille les méthodes illicites employées par ses interrogateurs. "Ils voulaient savoir quels étaient les liens entre ma chaîne et Al Qaïda", explique-t-il. Aucune connection n'a été établie entre le média qatari et la nébuleuse terroriste. "Et aucune accusation précise contre ma personne ne m'a été présentée", affirme Sami El Haj.
La déclaration de Micheline Calmy-Rey
"La torture est un phénomène abjecte, tous les Etats l'admettent. Et pourtant, bien que la torture soit frappée d'une interdiction absolue en droit international, aucune région du monde n'est complètement libérée de ce fléau", a déclaré jeudi Micheline Calmy-Rey dans un message à l'occasion de la journée internationale de soutien aux victimes de la torture.
Sans citer de pays, la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères juge "préoccupante la tendance récente des Etats d'accepter la pratique de la torture comme un mal nécessaire dans la lutte contre le terrorisme".
Réhabilitées
Aux Etats-Unis, les agents de la CIA ont le droit de recourir à des méthodes d'interrogatoire comme la simulation de noyade, assimilées par beaucoup à de la torture. Invoquant la lutte contre le terrorisme, le président américain George W. Bush a opposé son veto en mars à un projet de loi interdisant de telles méthodes.
"Il est important de rappeler que chaque victime a droit à la réparation et à la réhabilitation. Cela implique que tous les moyens nécessaires soient mis en oeuvre pour la réadaptation des victimes sur le plan médical, psychologique, social et juridique", a ajouté la ministre.
Poursuivis
Micheline Calmy-Rey souligne que "l'Etat doit garantir, dans son système juridique, la réparation et l'indemnisation des victimes". D'une part, une enquête "effective et impartiale" sur les allégations de torture doit être menée.
D'autre part, chaque Etat partie à la Convention internationale contre la torture, entrée en vigueur en 1987, "a l'obligation de poursuivre toute personne soupçonnée d'avoir commis des actes de torture, se trouvant sur son territoire et qu'il n'extrade pas".
Source : Radio Suisse Romande