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Après 19 mois de détention arbitraire dans une prison des services de renseignements à Sana'a, M. Abdullah Al Rimi a été libéré le 8 décembre 2009. Alkarama avait soumis son cas aux procédures de l'ONU.

M. Abdullah Saad Ghazi Al Ghazi AL RIMI, né en janvier 1986 et demeurant à Sana’a, a été arrêté dans l'après-midi du 03 avril 2008 alors qu'il se trouvait dans la salle des fêtes de la faculté de police de Sana’a où se déroulait une cérémonie de remise des prix organisée par les autorités officielles en présence du ministre chargé des biens waqfs. Il devait à cette occasion recevoir un prix officiel.

Alors qu’il attendait dans la salle avec les autres lauréats dont la liste venait d’être lue au public, un agent des services de sûreté de l’Etat est venu vers lui et lui a demandé de le suivre à l’extérieur de la salle des fêtes où il a été arrêté et conduit dans les locaux des services des renseignements (Al Amn al Siyassi) de Sana’a.

Selon les témoignages des personnes présentes, aucun mandat de justice ne lui a été présenté et les raisons de son arrestation ne lui ont pas été notifiées.

Sa famille, dont certains membres étaient présents dans la salle des fêtes pour assister à la remise des prix, a immédiatement tenté de connaître les motifs de cette arrestation mais dès le lendemain les autorités officielles et les médias ont présenté M. Al Rimi comme un important chef terroriste figurant parmi les évadés de la prison centrale de Sana’a.

Très vite cependant il s’est avéré qu’il s’agissait d’une méprise, les agents de services de renseignements ayant confondu son nom avec celui d’une autre personne effectivement recherchée.

La famille de M. Al Rimi s’attendait donc qu’il soit immédiatement remis en liberté, une fois l’erreur des services de sûreté de l’Etat constatée et même rapportée par la presse locale. Il a cependant été maintenu en détention. Sollicités par la famille, le Président et le vice-Président du parlement ont adressé une lettre officielle au responsable des services de sûreté de l’Etat pour requérir sa libération.

Les services de renseignements ont refusé il y a plus d'un an de donner suite à la demande du Procureur de libérer M. Al Rimi en raison de l'absence d'éléments justifiant son arrestation. En dépit de cette demande officielle, M. Al Rimi a été maintenu en détention dans une prison de la sûreté de l’Etat sans qu'une procédure judiciaire n'ait été engagée contre lui.

Alkarama avait adressé le 5 août 2008 une communication au Groupe de travail sur la détention arbitraire et au Rapporteur spécial sur la torture, les priant d'intervenir auprès des autorités yéménites.

M. Al Rimi a remercié Alkarama pour son intervention auprès des institutions de l'ONU. Le délégué d'Alkarama au Yémen a été informé de sources proches de la famille que M. Al Rimi avait subi des conditions de détention très dures et éprouvantes et des mauvais traitements qu'il refuse toutefois de dénoncer par crainte des représailles. 

Il faut rappeler que le Yemen a ratifié le Pacte relatif aux droits civils et politiques le 9 février 1987 et la Convention contre la torture le 5 octobre 1991. Le Comité contre la torture vient d'examiner son rapport périodique et recommande des mesures appropriées pour établir et garantir l'indépendance et l'impartialité du pouvoir judiciaire. Le rôle des juges et des procureurs devrait être renforcé en ce qui concerne l'ouverture d'enquêtes et les poursuites des cas de torture et de mauvais traitements ainsi que la légalité de la détention.