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Deux exécutions extrajudiciaires distinctes, perpétrées par des agents des services de sécurité yéménites, ont eu lieu en juillet 2008 et juillet 2009. Malgré les ordres du ministère de l'Intérieur pour que les auteurs soient arrêtés et présentés au parquet, aucune mesure n'a été prise dans le cas de l'exécution de Saleh Al-Wasabi et les coupables courent toujours. Quant à Majed Al-Odeini, les membres du bureau du Procureur qui enquêtent sur sa mort ont été soumis à la pression des services de sécurité yéménites pour ne pas poursuivre l'affaire et de ne pas délivrer de mandats d'arrêt contre les auteurs. Alkarama a appris que les responsables de ces assassinats poursuivent leurs occupations professionnelles, sans que les décisions de justice ordonnant leur arrestation n'aient de répercussions.

Alkarama a soumis ces deux cas au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, le 23 décembre 2009, lui demandant de rappeler aux autorités yéménites leurs obligations d'enquêter sur ces décès ainsi que de poursuivre les responsables.

Saleh Al-Wasabi


Lors d'une dispute entre Saleh Al-Wasabi et un de ses proches le 8 juillet 2008, les services de sécurité ont été appelés pour intervenir dans le règlement du conflit. Une fois le désaccord réglé pacifiquement, les membres des services de sécurité ont exigé d'être payés pour leur intervention, ce que M. Al-Wasabi a refusé de faire. Les officiers ont alors entièrement déshabillé M. Al-Wasabi, puis l'ont menotté et battu jusqu'à ce qu'il perde conscience. Ils l'ont finalement exécuté, devant ses enfants, d'une balle dans l'abdomen.

Le 28 janvier 2009 et 2 février 2009, des directives particulières ont été adressées d'abord par le bureau de la Présidence, puis par le Président de la République au ministre de l'Intérieur recommandant de présenter les coupables devant les tribunaux,. Finalement, le 10 juin 2009, le ministère de l'Intérieur a donné des ordres pour que les hommes impliqués dans la mort de M. Al-Wasabi soient arrêtés et présentés au Parquet. En dépit de ces actions, personne n'a encore été jugé.

Majed Al-Odeini

Le 29 Juillet 2009, Majed Al-Odeini a été abattu par des membres des services de sécurité de la direction d'Al-Modhaffar alors qu'il se trouvait dans un tribunal et attendait de comparaître devant la Cour de première instance de Taaz-Ouest.

Son père a déposé une plainte auprès du Procureur Taaz-Ouest le 1er août 2009. Les accusés ont finalement été présentés devant le tribunal, mais des agents des services de sécurité de la direction d'Al-Modhaffar sont entrés dans la salle d'audience et ont extrait l'accusé pour s'enfuir du palais de justice par une sortie arrière.

Ces hommes sont désormais considérés par la justice comme des fugitifs tout en continuant à travailler pour les services de sécurité.

Un climat d'impunité croissante

Les exécutions extrajudiciaires de Majed Al-Odeini et Saleh Al-Wasabi illustrent le sentiment croissant d'immunité ressentie par les membres des services de sécurité yéménites face à la loi. En effet, ces crimes commis par des agents d'Etat yéménites dans l'impunité totale ne sont malheureusement pas des incidents isolés.

Alkarama demande instamment au gouvernement yéménite de prendre des mesures pour que ce genre de crimes ne soient plus commis et pour qu'ils soient sanctionnés comme le prescrit la loi. Le Comité contre la torture, lors de l'examen du deuxième rapport périodique du Yémen en novembre 2009, a recommandé dans ses observations finales aux autorités de "prendre des mesures efficaces pour enquêter promptement et de manière impartiale sur toutes les allégations d'implication des membres de la police et les agences de sécurité dans des exécutions extrajudiciaires. "