27 aoû 2010
Al Karama a saisi aujourd'hui le Rapporteur spécial contre la torture et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion d'un appel urgent relatif à l'enlèvement et à la disparition de M. Kamal Yahya Sharaf, caricaturiste connu pour son engagement dans la lutte contre les abus et la corruption au Yémen.
Les faits remontent au 16 Aout 2010 vers 19 heures, à l'heure de la rupture du jeûne du Ramadhan, lorsqu'un groupe d'agents portant des uniformes militaires, masquées et fortement armées a investi le domicile de la victime. Dès qu'il fût reconnu, M. Kamal Sharaf a été appréhendé sans ménagement, menotté et la tête recouverte avant d'être jeté sur le ventre dans l'un des trois véhicules à bord desquels les hommes armés étaient arrivés sur les lieux. Au même moment, un autre groupe d'agents procédait à une fouille systématique de la maison, usant de beaucoup de violence à l'égard des membres de la famille de notre mandant terrorisés et traumatisés par cette intrusion violente.
Les membres du groupe étaient surexcités au point que l'un des agents s'est tiré une rafale dans le pied avec l'arme automatique qu'il agitait pour menacer les membres de la famille.
Ils finirent par quitter le domicile le laissant dans un état de désolation totale et emportant divers objets dont l'ordinateur portable et le téléphone de M. Kamal Sharaf qui fut emmené vers une destination inconnue. Il est à noter qu'au même moment, un autre journaliste, M. Shayi'Abdelillah, était victime du même scenario et subissait le même sort (Communiqué du 17.08.2010). M. Shayi' est également connu pour ses prises de position critiques à l'égard des abus commis par les autorités yéménites et l'administration US dans leur politique de lutte contre le terrorisme.
Leurs familles respectives n'ont pu connaitre leur lieu de détention, malgré leurs recherches, que près d'une semaine plus tard, le 22.08.2010, lorsque le procureur général, sous la pression de plusieurs ONG locales, a fini par reconnaitre avoir délivré un mandat d'arrêt contre les deux victimes et précisé qu'ils étaient détenus par la sécurité nationale (Al Amn Al Qawmi).
Par ailleurs le représentant d'Alkarama à Sanaa, a participé hier à une manifestation pacifique devant le bureau du procureur général, organisée avec la participation de plusieurs ONG locales, et réclamant la libération immédiate des deux journalistes ainsi que l'ouverture d'une enquête pour établir les responsabilités et engager des poursuites pénales contre les auteurs de ces graves violations.