M. Ahmed Bamuallim est une personne connue de l’opposition politique au Yémen au sein du Mouvement du Sud (Al Harak al Janouby). Convoqué le 15 avril 2009 par le directeur des services de renseignement militaires, il est depuis privé de sa liberté. Alkarama a sollicité l'intervention du Groupe de travail sur la détention arbitraire auprès des autorités yéménites le 5 mars 2010.
Ahmed Bamuallim (احماد محمد سالم بامعلم), né en 1954, ancien officier à la retraite, réside dans le sud du Yémen. Il a été élu député au Parlement national entre 1997 et 2003 sur la liste du parti du «Rassemblement Yéménite pour la Réforme » (Atajamou’ al Yamani lil Islah); il a également été membre de la Commission de la défense et de la sécurité au sein du Parlement.
Le 15 avril 2009, il s’est rendu en compagnie de son fils au siège militaire régional, faisant suite à une convocation du directeur des services de renseignement militaires par téléphone au sujet de sa retraite. Il y a été arrêté et retenu pendant 24 heures avant d’être transféré à la prison des services de renseignements militaires de Sanaa où il a été détenu au secret pendant plus d’un mois dans une cellule souterraine. Transféré à la prison militaire de Sanaa, il y est resté détenu entre juin 2009 et le 19 juillet 2009, date à laquelle il a fait l’objet d’un autre transfert vers la prison centrale de Sanaa où il se trouve encore aujourd’hui.
Le 17 octobre 2009, il a été présenté devant la Cour de sûreté de l’Etat devant laquelle il a refusé de s’exprimer sans la présence d’un avocat. Il lui a été notamment reproché son appartenance au Mouvement du Sud, de porter atteinte à l’intégrité nationale et de promouvoir la sécession.
Différentes audiences se sont succédées devant cette même juridiction, la dernière datant du 26 décembre 2009, mais aucune décision le concernant n’a été rendue à ce jour et l’affaire a encore une fois été renvoyée au 23 mars 2010.
Le sud du Yémen a été le théâtre de nombreux troubles depuis août 2007, lorsque des anciens militaires de l’ex-République populaire démocratique du Yémen, renvoyés après la guerre civile de 1994, ont protesté contre les discriminations dont ils faisaient l’objet en particulier sur la question des pensions jugées inférieures à celles des militaires de l’ex-République arabe du Yémen dans le nord. Dans ce contexte, une coalition informelle connue sous le nom de « Mouvement du sud » qui rassemble des groupes politiques et autres organisations et des personnes comme M. Ahmed Bamuallim, s’est constituée pour revendiquer pacifiquement la levée de ces discriminations.
Ahmed Bamuallim est donc détenu depuis presque un an, dont plus d’un mois au secret, et n’est toujours pas en mesure à ce jour de bénéficier des garanties fondamentales d’un procès équitable. Sa privation de liberté est incontestablement motivée par l’expression pacifique de ses opinions politiques.
Nous rappelons que le Comité contre la torture a examiné le rapport périodique du Yémen au mois de novembre 2009, examen auquel la délégation du Yémen n'a pas participé. Dans ses observations finales provisoires, le Comité recommandait : La mise « en œuvre sans délai des mesures efficaces pour que tous les détenus bénéficient dans la pratique de toutes les garanties fondamentales, dès le début de leur détention; en particulier, ils doivent pouvoir exercer le droit d’avoir rapidement accès à un avocat et de bénéficier d’un examen médical indépendant, d’aviser un proche et d’être informés de leurs droits au moment du placement en détention, ainsi que des accusations portées contre eux, et de comparaître devant un juge dans un délai conforme aux normes internationales. »