Mohamed Al-Ghouli et Amine Al-Naggar ont été jugés le même jour que 5 autres personnes. Tous ont été accusés par les autorités yéménites d'appartenir à Al-Qaïda, des accusations que les victimes ont toujours réfutées.
L'arrestation et la détention de ces personnes se sont faites sans aucune base légale et en-dehors des procédures prévues par la loi. Les défenseurs des droits de l'homme ont considéré le procès comme « inéquitable » et continuent de critiquer le Tribunal pour son manque d'indépendance et son incapacité à respecter les garanties d'un procès équitable.
Les tribunaux ont condamné les sept accusés, dont M. Al-Ghouli , pour « appartenance au réseau terroriste d'Al-Qaïda, participation à un groupe armé et association de malfaiteurs pour commettre des actes criminels visant des touristes étrangers et les intérêts gouvernementaux au Yémen, en mettant en danger la sûreté et la sécurité de la société. »
Le représentant du ministère public lors de l'audience du 17 octobre 2009, les a accusés « de fabriquer des armes, des explosifs et détonateurs à distance pour mettre à exécution des crimes par la force et en vue de menacer les fonctionnaires et des officiers de police en service. »
Circonstances entourant l'arrestation de trois membres de la famille Al-Ghouli
Qasim Ali Al-Ghouli, 50 ans, et ses deux fils Mohamed, 23 ans et Ibrahim, 17 ans ont été arrêtés à l'aube du 23 février 2009 à leur domicile à Sanaa par des agents de la police politique. Lors de l'opération, Mohamed a été blessé par balles. Suite à ces arrestations, la famille Al-Ghouli a entrepris de nombreuses démarches mais les plaintes déposées n'ont jamais été enregistrées par les services compétents et les autorités continuent de nier l'arrestation et la disparition de ces 3 personnes. Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de travail sur les disparitions forcées le 10 avril 2009 afin qu'il intervienne auprès des autorités yéménites.
Qasim Ali Al-Ghouli, le père de Mohamed, a été libéré de la prison de la sécurité politique de Sanaa 23 jours après l'incident. Par la suite, Ibrahim Al-Ghouli a aussi été libéré le 29 juillet 2009. Quant à Mohammed, il est resté en détention jusqu'à sa première audience le 17 octobre 2009. Les 6 autres personnes, dont Amine Al-Naggar, jugées le même jour ont pour la plupart aussi passé plusieurs mois en détention arbitraire.
Circonstances entourant l'arrestation et la disparition d'Amine Al- Naggar
En rentrant chez lui après sa prière l'après-midi le 23 avril 2009, Amine Al-Naggar a été arrêté par des agents des services de la sûreté politique en tenue civile. Il a été emmené vers une destination inconnue. Pendant plus de deux mois après son arrestation, sa famille n'a pas su ce qu'il lui était arrivé. Ils ont fini par apprendre qu'Amine était détenu en cellule d'isolement au centre de détention de la sécurité politique de Sana. Après avoir appris la nouvelle, Alkarama a soumis son cas au Groupe de travail sur la détention arbitraire le 15 septembre 2009. Amine est le seul à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille et, depuis son arrestation, ses proches sont confrontés à de graves difficultés matérielles.
Poursuites judiciaires
Le tribunal pénal spécial de Sanaa est régulièrement accusé de prononcer des sentences qui sont préparées à l'avance et rendues sans que les arguments de la défense ne soient pris en compte pendant le procès. Malheureusement, Mohamed Al-Ghouli et Amin Al-Naggar ont connu le même sort que toutes les personnes déferrées devant la même juridiction.
Mohamed Al-Ghouli n'a bénéficié d'aucune assistance juridique, que ce soit au moment des trois premières audiences de son procès ou lors des interrogatoires précédant les audiences, et ce au mépris de la législation yéménite.
Les peines à l'encontre des 7 personnes jugées au cours de la même audience ont été prononcées en un seul jour. Cela ne fait que renforcer nos doutes sur la capacité de ce tribunal à respecter les procédures légales, cette juridiction étant déjà tenue en discrédit par de nombreux avocats et organisations des droits de l'homme locales.
Alkarama continuera d'informer les procédures spéciales des Nations Unies de toute évolution de la situation de MM. Al-Ghouli et Al-Naggar. Pour l'heure, elle reste préoccupée par le fait qu'ils sont toujours détenus à la prison de la sécurité politique de Sana'a, et craint qu'ils ne soient torturés.