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Alkarama a adressé le 23 janvier 2009 au Rapporteur spécial sur la torture un appel urgent, lui demandant d'intervenir auprès des autorités émiraties dans le cas de M. Al Junahi, détenu au secret depuis le 24 novembre 2008.

M. Khellil Abdurahmane Abdelkarim AL JUNAHI, 37 ans, est ressortissant des Emirats arabes unis et résidait régulièrement en Arabie saoudite où il effectuait des études en sciences religieuses depuis plusieurs années.

Il avait été arrêté par les services des renseignements généraux saoudiens (Al Mabahit Al Aama) le 26 avril 2007 à l'aéroport de Riyad. Sa famille n'avait pu connaître son lieu de détention et lui rendre visite à la prison de Alicha près de Ryad que trois mois plus tard. Les autorités affirmaient qu'il ne lui était rien reproché de précis, qu'il " s'agissait seulement d'une mesure préventive " et qu'il serait bientôt libéré.

Après plusieurs mois d'attente, sa famille s'est adressée à M. le Consul des Emirats arabes unis à Riyad pour tenter d'obtenir sa libération et celui-ci leur a promis d'effectuer des démarches auprès des autorités saoudiennes. Sa famille a également saisi de son cas le Groupe de travail sur la détention arbitraire en date des 21 janvier et 06 décembre 2008.

Le 24 novembre 2008, le quotidien saoudien Al Watan rapporta que M. Al Junahi avait été libéré ce même jour. N'ayant pas reçu de ses nouvelles, la famille a effectué des démarches auprès des autorités qui lui ont confirmé l'information tout en précisant " qu'il avait été remis aux Emirats arabes unis à la date du 24 novembre 2008 ".

Pour rappel, l'Arabie saoudite est partie à la Convention contre la torture et une telle extradition constitue de toute évidence une violation de l'article 3 de cette Convention en raison des risques sérieux de tortures que pouvait encourir M. Al Junahi s'il était renvoyé dans son pays dans de telles conditions.

La famille a tenté d'obtenir de ses nouvelles aux Emirats arabes unis auprès du ministère de l'intérieur. Les fonctionnaires ont d'abord nié sa remise par les autorités saoudiennes. Ce n'est que devant l'insistance de la famille que les autorités émiraties ont reconnu deux semaines plus tard sa détention " pour enquête " en affirmant qu'il s'agissait d'une procédure habituelle et qu'il serait certainement libéré dans les deux semaines au plus tard sans autre précision.

Cependant après deux mois de détention au secret sans possibilité de contact avec un avocat ou avec le monde extérieur, la famille de M. Al Junahi qui vit dans une angoisse permanente depuis, exprime des craintes légitimes quant à son intégrité physique et mentale.

Alkarama s'adresse au Rapporteur spécial sur la torture pour lui demander d'intervenir en urgente afin que M. Al Junahi soit libéré si aucune charge n'est retenue contre lui et, dans tous les cas, qu'il soit traité humainement, placé sous la protection de la loi et qu'un avocat ainsi que sa famille soient autorisés à lui rendre visite.