Alkarama a adressé le 29 juillet 2008 une communication au Groupe de travail sur la détention arbitraire, à la Représentante spéciale pour les défenseurs des droits de l'homme et au Rapporteur spécial sur la liberté d'expression concernant M. Hassan Al-Diqqi, défenseur des droits de l'homme, actuellement détenu à la prison centrale de Sharjah.
M. Hassan Ahmed Hassan AL-DIQQI, né à Sharjah le 03 janvier 1957, est expert comptable de formation et a exercé diverses responsabilités au sein de l'administration de son pays avant de s'installer en qualité d'expert indépendant agréé auprès des tribunaux.
Depuis plus d'une vingtaine d'années M. Al-Diqqi milite pour revendiquer des réformes politiques dans son pays dans le cadre de diverses associations non reconnues par les autorités. Il est en particulier l'un des fondateurs dans les années 1980 de " L'association de la réforme sociale ".
M. Al-Diqqi a collaboré avec notre organisation et lui a transmis des cas de violations des droits de l'homme dans les Emirats arabes unis
Depuis deux années, M. Al-Diqqi a créé sa propre organisation de défense des droits de l'homme, non reconnue par les autorités, Emirates People Rights Organisation (Emirates PRO), connue dans le pays à travers son site Internet dans lequel il dénonce l'absence des libertés civiles et politiques ainsi que les abus et violations diverses des droits de ses concitoyens: http://www.emiratespro.com
Le contenu de ses " lettres hebdomadaires " est révélateur de son combat légaliste et pacifiste contre l'arbitraire et pour l'institution de l'Etat de droit ; citons notamment :
1- "L'interdiction de la politique aux Emirats "
2- "A propos de la condamnation de l'ingénieur Abdallah Sbihat-Al Allili : L'Etat juge et partie "
3- " Réflexions sereines sur l'amendement du code pénal aux Emirats"
4- "Analyse de la situation politique et sécuritaire aux Emirats "
5- " La Déclaration démocratique aux Emirats : Entre la transition limitée et les larges espoirs formulés ".
M. Al-Diqqi a été arrêté le dimanche 20 juillet 2008 à Sharjah et emmené dans les locaux des services de sécurité de l'Etat. Selon nos sources, il lui a été proposé de cesser toute activité politique et de fermer son site Internet sous peine de faire l'objet de poursuites pénales dans le cadre d'une affaire de viol, chose qu'il a refusé.
Il a été alors conduit à la prison Centrale où il se trouve actuellement détenu. L'information concernant son arrestation n'a pas été communiquée officiellement à sa famille par les autorités, mais rapportée dans un article non signé paru jeudi 24 juillet 2008 dans le quotidien Al-Imarat Al-Yawm, quotidien proche du gouvernement qui le présente comme l'auteur d'un crime de viol commis il y a trois ans contre une ressortissante Philippine, suite à quoi il aurait été condamné à la peine capitale par contumace.
Un autre article de presse non signé du quotidien " Al Itihhad " également proche des autorités, paru le samedi 26 juillet, vise de toute évidence à le discréditer en le présentant comme " l'initiateur d'un site Internet qui vise à politiser son affaire de nature criminelle ".
M. Al-Diqqi a confirmé lors d'une visite en prison qu'il fait actuellement l'objet d'un chantage de la part des autorités depuis son arrestation et qu'il lui a bien été demandé de fermer son site Internet et de renoncer à toute activité en matière de défense des droits de l'homme dans son pays en échange de sa libération.
Alkarama craint donc que M. Al-Diqqi ne soit victime de poursuites fabriquées par les autorités dans le seul but de discréditer un militant des droits de l'homme connu dans le pays et de l'emmener à cesser toute activité.
Le moment de l'arrestation de M. Al-Diqqi n'est pas fortuit puisqu'elle a lieu à la veille de l'examen en décembre 2008 de la situation des Emirats arabes unis devant le Conseil des droits de l'homme, dans le cadre de la 3e session de l'examen périodique universel.
Pour ces raisons, il ne fait pas de doute que l'arrestation et la détention de M. Al-Diqqi est exclusivement motivée par l'exercice de son droit à exprimer librement et pacifiquement ses opinions politiques et celui de dénoncer les abus et les violations des droits de l'homme dans son pays.
La privation de liberté actuelle de M. Al-Diqqi pour avoir exercé un droit universellement reconnu est dans ces conditions contraire aux dispositions de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui garantit la liberté d'opinion et d'expression et constitue une violation par l'Etat défendeur de ce principe universel.