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Arrêté à son domicile en avril dernier, Ahmed Mansour, éminent défenseur des droits de l'homme, risque d'être condamné à l'issue d'un procès inéquitable le 18 juillet prochain.

Cette arrestation clôt une série de persécutions dont Ahmed a fait l'objet ces dernières années. A titre d'exemple, son employeur, sommé par les autorités de l'expatrier, l'a licencié après qu'il a refusé sa mutation. Plus grave encore, les autorités ont tenté de l'enlever la nuit précédant son arrestation, l'interpellant à 3 heures du matin au prétexte d'une urgence. Habitué aux tactiques utilisées par les services de sécurité pour les arrestations, il a refusé de sortir et leur a demandé de revenir le lendemain matin.

Finalement arrêté le 9 avril par dix agents qui, en plus de ne pas lui avoir présenté de mandat, ont perquisitionné sa maison et confisqué nombre de ses effets personnels, Ahmed Mansoor a d'abord été emmené à Dubaï puis transféré à la prison Al-Wathba à Abu Dhabi où il demeure détenu à ce jour. Ni sa famille, ni son avocat n'ont eu de ses nouvelles pendant une semaine, en dépit des nombreuses demandes qu'ils ont faites en ce sens auprès des autorités. Inquiète des tortures qu'aurait pu subir Ahmed au cours de cette détention au secret, Alkarama avait soumis son cas au Rapporteur spécial contre la torture. Ses proches et son avocat ont depuis été autorisés à lui rendre visite.

Ahmed Mansoor est actuellement jugé par la Cour suprême pour quatre différents chefs d'accusation, tous liés aux opinions critiques de l'autorité qu'il a exprimées dans des forums en ligne (qu'il administrait) et les médias. En violation claire des normes internationales, la Cour suprême ne permet pas de faire appel. Ahmed est notamment accusé de diffamation, d'incitation à la manifestation, d'appel au boycott des élections à venir et d'utilisation de moyens technologiques (c'est-à-dire internet) pour désobéissance aux autorités.

Une première audience s'était tenue le 20 juin, et une seconde est prévue pour ce 18 juillet. Alkarama s'inquiète de ce que les juges qui s'occupent du cas de M. Mansour ne sont pas de nationalité émiratie. En effet, l'inamovibilité des juges étant garantie par les autorités émiraties, tout juge étranger est très vulnérable, ce qui viole clairement le principe d'indépendance de la justice.

Tous ces facteurs, doublés de la nature politique de ces accusations, laissent à penser que M. Mansoor sera sanctionné pour avoir simplement exercé son droit légitime à la liberté d'expression et d'opinion.

Alkarama s'était déjà occupée du cas de M. Mansour au moment de son arrestation, et a soumis aujourd'hui une communication au Groupe de travail sur la détention arbitraire demandant son intervention urgente auprès des autorités émiraties en faveur de la libération d'Ahmed Mansoor.

Alkarama appelle les autorités des Emirats arabes unis à respecter les engagements internationaux et à s'assurer que les droits de M. Mansoor soient entièrement respectés, ainsi que ceux des autres personnes qui expriment librement leurs opinions.