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M. Abdul Hakim Gellani, citoyen britannique, a été arrêté le 19 novembre 2005 au cours d'un voyage d'affaires en Arabie Saoudite. Détenu jusqu'en décembre 2005, il est finalement relâché en juillet 2006, après sept mois de détention au secret. Alors qu'il tentait d'obtenir un visa pour son retour au Royaume-Uni, où sa famille réside, et après avoir accordé une interview à Al-Jazeera, M. Gellani est à nouveau arrêté le 8 août 2007 et détenu au secret pendant deux mois.Saisi de cette situation, le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) a adopté le 3 mai 2011 l'avis 2/2011 confirmant les termes de la communication d'Alkarama du mois de décembre 2010 sur le caractère arbitraire de la détention de M. Gellani, toujours détenu à ce jour.

Ce n'est que le 27 octobre 2007, après deux mois de détention au secret que M. Gellani reçoit une première visite du Consul britannique. Continuellement soumis à des traitements dégradants au cours de sa détention, il n'a été informé ni de ses chefs d'inculpation, ni de la durée de sa détention, bien qu'il ait plusieurs fois été présenté à un juge. En septembre 2010, un avocat saoudien est enfin constitué, mais à l'approche du procès, ce dernier est lui-même arrêté par les autorités saoudiennes et ne peut donc porter assistance à son client. M. Gellani n'a donc pu bénéficier ni d'une assistance juridique appropriée, ni d'un procès équitable, et a été détenu sans procédure légale, que ce soit lors de sa première détention entre 2005 et 2006, ou lors de la seconde, de 2007 à ce jour.

Dans l'avis 2/2011, les experts onusiens ont estimé que les arrestations successives de M. Gellani sans mandat d'arrêt, les traitements inhumains, cruels et dégradants auxquels il a été soumis lors de ses détentions au secret et le manque de respect des principes de base d'un procès équitable constituaient « un nouveau degré de privation et de mépris des droits humains au regard de la législation interne et internationale ».

En l'absence d'une réponse du gouvernement saoudien à l'appel du groupe de travail qui aurait pu éclaircir les raisons d'une telle arrestation, le lien entre la détention de M. Gellani et l'interview donnée à Al Jazira semble probable, voire avéré si l'on considère la récurrence des arrestations de civils ayant fait usage de leur droit à la liberté d'expression dans le pays.

En conclusion, le groupe de travail des Nations Unies a estimé que les deux périodes de privation de liberté qu'a subi M. Gellani sont arbitraires, conformément aux catégories I, II et III du Groupe de travail, en ce qu'elles se sont faites sans bases légales et en violation des articles 9, 10 et 19 de la déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
A l'occasion de cette décision, les experts de l'ONU ont appelé le gouvernement à libérer M. Gellani sans délai, et lui ont instamment demandé de faire en sorte que son droit à une indemnisation soit effectif. 
De nombreuses décisions ont été rendues par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire concernant l'Arabie Saoudite. Aucune n'a été suivie d'effets à ce jour en dépit des affirmations des autorités politiques sur leur volonté de coopérer avec les procédures spéciales des Nations Unies.

Alkarama a mis en place une structure chargée du suivi des décisions et recommandations rendues par les différentes instances onusiennes ; ce cadre permettra à notre organisation de suivre d'une manière efficiente la mise en œuvre par les Etats concernés de ces Avis et autres recommandations.