Arabie Saoudite : La situation de M. Mohsen Saleh Nasser AL AWLAKI, ressortissant yéménite, devant le groupe de travail de l’ONU

Détention arbitraire

Le 07 Aout 2023, Alkarama s’est adressé au groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) concernant le cas de M. Mohsen Saleh Nasser AL AWLAKI, ressortissant yéménite, arrêté en Arabie saoudite le 26 mai 2021 par la police sous prétexte d'être un disciple de Nasser Muhammad Al-Yamani, ce dernier se prétendant le « Mahdi » – figure eschatologique qui viendra à la fin des temps pour restaurer la religion et la justice.

Arrestation puis détention arbitraire

M. AL AWLAKI a été arrêté le 26 mai 2021 par des policiers en civil sur son lieu de travail à Riyad. Aucune explication ne lui a été fournie quant aux raisons de son arrestation et aucun mandat d'arrêt ne lui a été présenté. Son lieu de travail a été perquisitionné par des membres des services de sécurité sans mandat. 

Alors que téléphone et son ordinateur portable ont été confisqués sans autre explication, il a été violemment frappé et emmené de force au poste de police de Riyad puis transféré après quelques jours à la prison de Dhahban à Djeddah.

M. AL AWLAKI est resté disparu pendant les trois mois suivant son arrestation. Ce n'est qu’à l’issue de cette période qu'il a été autorisé à passer un bref appel téléphonique à sa famille pour les informer qu'il était détenu à la prison de Dhahban.

À la suite de cet appel, M. AL AWLAKI a de nouveau été totalement coupé du monde extérieur et les autorités lui ont refusé le droit de contacter ou de recevoir des visites de sa famille. Il lui a également été refusé toute assistance d'un avocat depuis son arrestation.

Après plus d’une année de détention, il a été traduit le 26 juillet 2022 pour la première fois devant des magistrats qui l’ont informé des accusations officielles dont il faisait l’objet.

Finalement déféré devant la juridiction de jugement le 7 novembre 2022, il a été condamné à la suite d’un procès expéditif à 20 ans de prison pour « appartenance au groupe Ansar al Mahdi » et pour la promotion de ses idées sur les réseaux sociaux.

Violation du droit à un procès équitable

Mandatée par la famille de M. AL AWLAKI, Alkarama s’est adressée au Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires.

Dans sa communication, Alkarama a relevé le mépris flagrant et total des normes internationales en matière de procès équitable et, partant, le caractère arbitraire de sa détention.

Alkarama a indiqué que cette privation arbitraire de liberté ne vise pas seulement M. AL AWLAKI, puisque Riyad mène une répression généralisée contre les journalistes, les blogueurs, les hommes d'affaires et généralement toute personne exprimant pacifiquement des opinions sur les médias sociaux contraires à la politique officielle du gouvernement.  Il est bien connu que cette vague de répression s'est intensifiée depuis l'arrivée au pouvoir du prince héritier.

Le Groupe de travail a été invité à reconnaître le caractère arbitraire de la privation de liberté de M. AL AWLAKI et a appelé les experts de l’ONU à enjoindre à l’Arabie Saoudite de le libérer.