Arabie saoudite : Deux militants saoudiens arrêtés lors d'une manifestation devant le ministère de l'Intérieur

Moubarak Ben Said Ben Zaïr et Jihad Abdoulkarim Al-Khodr, tous deux fils d'éminents défenseurs des droits de l'homme saoudiens, figurent parmi les manifestants arrêtés à Riyadh le 20 mars 2011 lors d'un sit-in pacifique devant le ministère de l'Intérieur. Les manifestants réclamaient la libération de milliers de prisonniers détenus depuis de longues années dans les prisons saoudiennes sans accusation, ni procès. Les deux hommes sont toujours en garde à vue et n'ont toujours pas été inculpés.

Alkarama a soumis leurs cas en urgence le 8 avril 2011 au Groupe de travail sur la détention arbitraire ainsi qu'aux rapporteurs spéciaux sur la torture, sur la liberté d'expression et sur la situation des défenseurs des droits de l'homme des Nations unies.

Moubarak Ben Saïd Ben Zaïr, 45 ans, est professeur à l'université Alimmam Mohammad Ben Saoud. Il faisait campagne pour la libération de son frère, Saad Ben Zaïr et son père le Professeur Saïd Ben Zaïr, tous deux détenus depuis plusieurs années sans accusation, ni procès. Il ne fait aucun doute que leur détention est directement liée à leur engagement dans la défense des droits de l'homme.

Moubarak Ben Zaïr a été arrêté le matin du 20 mars 2011 rue Al-Malek Fahed par les services de renseignement saoudiens alors qu'il se rendait en voiture à une manifestation devant le ministère de l'Intérieur. Des témoins rapportent que 2000 agents des services de sécurité et près de 200 véhicules de police étaient stationnées tout autour du ministère. Moubarak Ben Zaïr allait rejoindre les manifestants après un entretien avec le ministre de l'Intérieur saoudien, Emir Mohamed Ben Nayef et espérait faire une déclaration publique pour obtenir la libération de son père et de son frère.

Alkarama a reçu une copie de la lettre que le Dr Moubarak Ben Zaïr a écrite en prison : il y décrit les conditions désastreuses de sa détention. Le premier jour de sa détention, on l'a enchaîné, bandé les yeux et insulté de manière continue avant de le mettre dans une cellule d'isolement minuscule. Il n'a pas été autorisé à contacter sa famille ou son avocat. Dans sa lettre, il demande aux ONG de le défendre ainsi que tous les prisonniers en Arabie saoudite.

Jihad Abdoulkarim Al Khodr , 17 ans, a aussi été arrêté le 20 mars 2011 devant le ministère de l'Intérieur lors d'un sit-in pacifique organisé pour les familles de détenus en Arabie saoudite. Jihad est le fils du Dr Abdelkarim Al-Khodr, professeur de jurisprudence comparée et membre fondateur de l'Association saoudienne pour les droits civils et politiques. Jihad habite avec sa famille à Al-Qassim en Arabie saoudite.

La famille de Jihad est régulièrement prise pour cible par les services de renseignement soudiens à cause de l'engagement du Dr Abdelkarim Al-Khodr dans la défense des droits de l'homme.

Le frère de Jihad, Thamer Al-Khodr, a été arrêté le 3 mars 2010 par les services de renseignement saoudiens et est toujours détenu sans accusation, ni procès. Alkarama a soumis son cas au Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU le 7 février 2010 et à la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme le 12 mars 2010.

Des témoins ont déclaré que plus d'une douzaine de personnes a été arrêtée au cours des manifestations ; plusieurs d'entre elles seraient toujours en détention. Les manifestations publiques sont interdites en Arabie saoudite.

Les forces de sécurité saoudiennes responsables des arrestations au cours du sit-in ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants pacifiques et ont procédé à des arrestations sans aucun mandat d'arrêt.

Il ne fait aucun doute que Moubarak et Jihad de même que les autres manifestants ont été arbitrairement arrêtées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de rassemblement, en violation avec les articles 19 et 20 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Alkarama appelle les autorités saoudiennes à libérer immédiatement Mubarak Ben Saïd Ben Zaïr and Jihad Abdoulkarim Al-Khodr et de mettre un terme aux arrestations arbitraire et à l'usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques. Les droits à la liberté d'expression et de réunion sont des droits universels garantis par les articles 19 et 20 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et devraient être respectés par les autorités saoudiennes.