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Alkarama for Human Rights, 1 mars 2008

Alkarama a adressé le 29 février 2008 une communication au Groupe de travail sur la détention arbitraire pour exposer la situation de M. Fouad Al Farhan, arrêté le 10 décembre 2007 et encore détenu au secret à Djedda. Les autorités saoudiennes avaient pourtant formellement promis de le libérer ce qui à ce jour n'a pas eu lieu.

Alkarama avait déjà alerté le 14 janvier 2008 Mme Louise Arbour, Haut Commissaire aux droits de l'homme , pour lui demander d'intervenir auprès des autorités saoudiennes. Mais la situation de M. Al Farhan n'a pas changé depuis.

Fouad Ahmad AL FARHAN, né le 07 juillet 1975, est directeur d'une société de communication et animateur d'un blog très apprécié en Arabie Saoudite. (http://www.alfarhan.org/).

Son arrestation est certainement liée au fait qu'il ait ouvertement exprimé dans son blog de vives critiques à propos des arrestations et détentions arbitraires de personnalités du mouvement réformateur saoudien sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Il s'agit nommément du Dr Saud Mukhtar Al Hashimi et huit autres personnes (avocats, médecins, professeurs d'université et hommes d'affaire) arrêtées en même temps (Avis du Groupe de travail N° 27/2007 du 28 novembre 2007). Voir communiqué d'Alkarama

Fouad Al Farhan avait été informé deux semaines plus tôt de sa probable arrestation et avait rédigé dans son blog une lettre pour prévenir ses proches : "J'ai appris qu'un responsable au sein du ministère de l'Intérieur avait demandé l'ouverture d'une enquête à mon sujet. Je devrais être arrêté au cours des deux prochaines semaines. (...) Cette décision fait suite à mes articles sur les prisonniers politiques en Arabie saoudite. Ils pensent que j'ai lancé une campagne de soutien pour eux. Je n'ai fait que publier quelques articles, afficher des bannières sur mon site et demander aux autres blogueurs d'en faire autant ".

M. Al Farhan a précisé qu'il lui a été demandé de signer une déclaration d'excuses publiques à laquelle il a répondu dans son blog : "Je ne suis pas sûr d'être prêt pour ça. Des excuses pour quoi? M'excuser parce que j'ai dit que le gouvernement ment lorsqu'il accuse ces gars de soutenir le terrorisme ? ".

Il a donc été arrêté sans mandat de justice par les services de renseignements (Mabahith) sur son lieu de travail, au siège de la société " Sammara Info " à Djedda le 10 décembre 2007. Son domicile a été perquisitionné sans mandat également. Il a ensuite été emmené vers une destination inconnue et détenu au secret sans que sa famille ne connaisse ni le lieu ni les motifs légaux de sa détention.

Le 1er janvier 2008, le porte parole du ministère de l'intérieur, le général Mansur Al Turki a finalement reconnu son arrestation dans les médias publics en précisant " qu'il avait été interrogé mais ne faisait pas l'objet de poursuites pour des raisons sécuritaires mais qu'il lui était reproché la violation de certains règlements ". Il a cependant assuré à sa famille " qu'il ne resterait pas détenu longtemps ".

Après avoir été détenu au secret jusqu'au 05 janvier 2008,la famille de M. Al Farhan a appris qu'il se trouvait à la prison de Dahbane à Djedda. Son beau père a été autorisé à lui rendre visite. Mais depuis sa famille n'a plus aucune nouvelle de lui.

Des avocats mandatés par ses proches ont tenté d'obtenir, en vain, l'autorisation de se constituer pour l'assister. Il ne dispose donc d'aucune possibilité légale de contester la validité de sa détention.

Sa détention sans procédure légale depuis le 10 décembre 2007 constitue une violation par l'Arabie Saoudite, tant de sa propre loi interne que de la Déclaration Universelle des droits de l'homme.

La détention arbitraire de citoyens sans procédure légale et sans jugement durant parfois plusieurs années constitue un problème majeur des droits humains en Arabie saoudite pays membre du Conseil des droits de l'homme jusqu'en 2009.

Les déclarations des officiels et des diplomates sont souvent contredites par la pratique sur le terrain. Récemment encore, la Mission permanente du Royaume d'Arabie Saoudite, saisissait le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU d'une note verbale  pour réaffirmer  qu'en matière de normes de justice applicables dans le Royaume, " un accusé avait le droit d'avoir recours aux services d'un avocat et de recevoir des visites de sa famille ". (A/HRC/7/4 page 11).

Le Gouvernement d'Arabie saoudite a réaffirmé également à cette occasion sa volonté de coopérer avec le Groupe de travail qui saura certainement se référer à cette manifestation d'intention dans le cadre de l'examen des nombreuses affaires qui ont été soumises par Alkarama concernant ce pays.