
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mme Mary Lawlor, a exprimé sa profonde déception face à la poursuite de la détention arbitraire, du harcèlement judiciaire, de l’intimidation et de la criminalisation des défenseurs des droits de l’homme en Algérie en raison de leurs activités pacifiques, sur la base de dispositions formulées de manière vague, telles que « porter atteinte à la sécurité de l’État ».
Cela intervient alors que l’organisation Alkarama continue de documenter de nombreux cas de répression et de violations dans le pays et de soumettre des plaintes à cet égard aux procédures spéciales des Nations Unies sur les droits de l’homme. Dans une déclaration, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mme Mary Lawlor, a mis en lumière les cas de plusieurs défenseurs des droits humains.
Mme Lawlor a souligné que l’arrestation de M. Toufik Bellala, M. Sofiane Wali et M. Omar Boussaq « est tout autant préoccupante ». Elle a précisé que M. Bellala avait été convoqué pour interrogatoire à trois reprises depuis avril 2024 et qu’il avait finalement été accusé de diffusion de fausses informations susceptibles de menacer la sécurité de l’État, avant d’être libéré sous contrôle judiciaire.
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies a également évoqué plusieurs cas qu’elle a suivis, comme celui de l’avocat M. Sofiane Wali, qui a été arrêté à son domicile lors d’un raid violent de la police et placé en détention avec 14 autres personnes. Ces derniers ont été inculpés en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, « une disposition visant à lutter contre le terrorisme, qui est rédigée en terme vagues et est souvent employée avec mauvais escient pour réprimer la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. ».
L’experte onusienne a ajouté que d’autres dispositions restrictives du Code pénal ont longtemps été utilisées pour accuser l’avocat M. Omar Boussaq d’« incitation à un rassemblement non armé » et d’« outrage à un corps constitué », après la publication de ses posts sur Facebook.
Mme Lawlor a également attiré l’attention sur le cas de « l’Association des familles des disparus », une organisation fondée durant la guerre civile algérienne des années 1990, qui a été empêchée à plusieurs reprises d’organiser des événements par d’importantes unités de police encerclant son bureau à Alger. Elle a déclaré que ses avocates et membres, dont beaucoup sont des mères de personnes disparues, ont été maltraitées et forcées de quitter les lieux lors de ces occasions.
La Rapporteuse spéciale a déclaré : « Je tiens à répéter que j’ai rencontré presque tous ces défenseurs des droits de l’homme. Aucun d’entre eux ne s’engageait de quelque manière que ce soit des actes de violence. Ils doivent tous être traités conformément au droit international des droits de l’homme, que l’Algérie est tenue de respecter.»
Mme Lawlor a visité l’Algérie il y a plus d’un an, où elle a également rencontré plusieurs responsables, mais le pays n’a connu aucune amélioration en matière de droits humains.
Le travail d’Alkarama
Depuis des années, Alkarama documente de nombreux cas de violations et d’actes de répression contre les défenseurs des droits de l’homme, y compris les militants du mouvement de protestation pacifique dans le pays.
Alkarama a soumis des plaintes aux experts des Nations Unies en matière de droits humains, dénonçant les manquements répétés de l’Algérie à ses obligations internationales, en particulier celles énoncées dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Algérie a adhéré en 1989.