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Aujourd'hui, 11 juin 2013, marque l'anniversaire de la disparition de Dhahbia Bouaicha. Il y a exactement dix-huit années, cette mère de 51 ans était enlevée par des militaires chez sa sœur dans la wilaya de Sétif, dans l'est de l'Algérie. Ses enfants restent sans nouvelle d'elle depuis ce jour-là.
Dhahbia Bouaicha résidait habituellement à Rafsa, Salah Bey dans la wilaya de Sétif. Ce matin-là, le 11 juin 1995, elle était venue rendre visite à sa sœur lorsque des militaires rattachés à la caserne d'Aïn Oulmane (Setif) et des gendarmes se sont présentés sur les lieux. Ils l'ont informée qu'ils avaient arrêté son fils Farid Benhalal, qui aurait appartenu à un groupe armé et avait été blessé, et se trouvait donc à l'hôpital d'Aïn Oulmane. Les hommes ont alors forcé Dhahbia à les suivre.
Sans nouvelles d'elle, le fils et la mère de Mme Bouaicha, M. Hafedh Benhlal et Mme Taous Belfatmi, qui étaient témoins de son arrestation, se sont alors présentés au Tribunal d'Aïn Oulmane pour s'enquérir du sort de leur proche disparue. Les autorités judiciaires ont alors refusé d'enregistrer leur plainte et ont nié avoir connaissance de la situation de Mme Bouaicha. Ils ont également fait le tour des prisons de la région, comme de nombreuses familles de disparu(e)s, dans l'espoir de la retrouver, aucun établissement pénitentiaire n'a toutefois reconnu la détenir.
Environ six mois après l'arrestation de Mme Bouaicha, un groupe d'anciens détenus de la prison d'Aïn Oulmane qui avaient été libérés ont affirmé avoir été détenus avec Dhahbia Bouaicha dans le Secteur militaire de Sétif : certains avaient été libérés, d'autres avaient « disparu ».
Dix-huit ans après sa disparition, ses enfants ignorent encore s'ils reverront un jour leur mère.
Entre 1993 et 1998, entre 8000 et 20000 personnes, selon les sources, ont été arrêtées ou enlevées par les forces de sécurité algériennes, tous corps confondus, ainsi que par les milices armées par le gouvernement. Ces arrestations et disparitions se sont déroulées à la suite du coup d'Etat du 11 janvier 1992. Les responsables de ces disparitions forcées n'ont jamais été poursuivis pénalement ni sanctionnés ; beaucoup d'entres eux, et en particulier les officiers supérieurs de l'armée ont été promus depuis au grade de général ou de général major par le président Bouteflika.
Depuis la promulgation en 2006 de l'ordonnance portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale aucune plainte n'est recevable en Algérie pour de tels faits.
Alkarama a soumis le cas de Dhahbia Bouaicha au Groupe de travail sur les disparitions forcées de l'ONU le 6 juin dernier.