14 déc 2010
Cinq ressortissants camerounais avaient été arrêtés en mars 1995 par des agents des services de la sécurité politique et emmenés à leur centre de détention de Sanaa où ils ont été détenus arbitrairement pendant plus de quinze ans. L'un d'eux est décédé en détention, les quatre autres ont été libérés le 29 novembre 2010.
Alkarama avait adressé le 1er avril 2010 un appel urgent au Groupe de travail sur la détention arbitraire et au Rapporteur spécial sur la torture et informé le Comité contre la torture de la situation des cinq hommes dans le cadre de l'examen du rapport périodique du Yémen en novembre 2009. Dans ses observations finales du 19 novembre 2010, l'organe onusien avait mentionné la situation des ressortissants Camerounais et recommandait à l’État partie de « prendre toutes les mesures appropriées pour supprimer de fait la détention au secret et veiller à ce que toutes les personnes placées au secret soient remises en liberté ou inculpées et jugées selon une procédure régulière. Il devrait donner des informations sur le nombre exact et l’emplacement des lieux de détention utilisés par le Département de la sécurité politique et d’autres forces de sécurité, et sur le nombre de personnes privées de liberté qui se trouvent dans ces lieux. Il devrait également donner des informations à jour sur le cas des quatre ressortissants camerounais, Mouafo Ludo, Pengou Pierpe, Mechoup Baudelaire et Ouafo Zacharie, qui sont détenus au secret et sans jugement à Sanaa depuis 1995. »
Alkarama se réjouit de la libération des quatre Camerounais le 29 novembre 2010. Ils ont été remis à la Croix rouge internationale qui les a accompagnés vers l'aéroport durant la première partie de leur vol vers Yaoundé, la capitale du Cameroun. Ce sont les familles des quatre victimes qui ont du payer les billets de retour.
Entre temps Alkarama a pris contact avec Mouafo Ludo, l'un des ex-détenus, qui a rapporté qu'il avait été enlevé en mars 1995 et séquestré dans une cellule de 2m2 au sous-sol du centre de détention des services de la sécurité politique situé à Sanaa. Durant les premiers mois de sa détention, il n'a pas vu la lumière du jour, ne recevait qu'un repas et un litre d'eau par jour et était régulièrement battu. Un an après, quatre autres Camerounais ont été emprisonnés avec lui, toujours au sous-sol de ce centre de détention. Ils n'ont pas été autorisés à prendre contact ni avec leurs familles, ni leur ambassade ou un avocat. Ils n'ont jamais été présentés devant un juge.
Il a fallu attendre près de dix ans avant qu'ils aient pu faire sortir un message hors de ce centre par le biais d'un garde qui l'a transmis à un détenu qui devait être libéré. Celui-ci l'a remis à l'organisation Hood. Le 17 septembre 2005, le député Sakhr Ahmed Al Wajih, informé par Hood, a soulevé cette question en séance du parlement et a interpellé le ministre de l'intérieur, M. Rachad Al Alimi ; celui-ci avait alors reconnu publiquement et officiellement la détention de ces personnes.
A la suite de ce débat public sur leur sort, leur situation en détention s'est empirée. Ils ont été pendus par les poignets pendant deux jours, ont subi des électrochocs, M. Ludo est tombé dans un coma qui a duré 3 ou 4 jours. Les tortures ont perduré pendant un mois.
Ce n'est qu'en 2006 que quatre d'entre eux ont été extraits de leur cellule du sous-sol pour être incarcérés dans une cellule située à l'étage ce qui leur a permis pour la première fois de voir d'autres détenus. Ils ont toutefois encore du attendre quatre ans avant d'être libérés. Le cinquième détenu, Donatien Koagne est, selon ses codétenus, décédé en détention, probablement entre décembre 2009 et janvier 2010 après avoir été transféré à l'hôpital de Sanaa.
Les cinq hommes n'ont jamais été présentés devant un juge et leur détention n'a pas été reconnue officiellement. Leur libération fait suite aux pressions exercées notamment par les organes de l'ONU.Aucune enquête officielle n'a été engagée sur les circonstances de leur arrestation et détention et ils n'ont, à ce jour, pas obtenu d'indemnisations.
Alkarama se réjouit de cette libération mais continue d'être préoccupée par la détention arbitraire de centaines de personnes parmi lesquelles de nombreuses sont maintenues au secret.
Nous rappelons que le Comité des droits de l'homme examinera le rapport périodique du Yémen lors de l'année 2011. Alkarama prévoit de s'impliquer dans ce processus en lui présentant des informations et en soumettant un rapport alternatif.
Alkarama avait adressé le 1er avril 2010 un appel urgent au Groupe de travail sur la détention arbitraire et au Rapporteur spécial sur la torture et informé le Comité contre la torture de la situation des cinq hommes dans le cadre de l'examen du rapport périodique du Yémen en novembre 2009. Dans ses observations finales du 19 novembre 2010, l'organe onusien avait mentionné la situation des ressortissants Camerounais et recommandait à l’État partie de « prendre toutes les mesures appropriées pour supprimer de fait la détention au secret et veiller à ce que toutes les personnes placées au secret soient remises en liberté ou inculpées et jugées selon une procédure régulière. Il devrait donner des informations sur le nombre exact et l’emplacement des lieux de détention utilisés par le Département de la sécurité politique et d’autres forces de sécurité, et sur le nombre de personnes privées de liberté qui se trouvent dans ces lieux. Il devrait également donner des informations à jour sur le cas des quatre ressortissants camerounais, Mouafo Ludo, Pengou Pierpe, Mechoup Baudelaire et Ouafo Zacharie, qui sont détenus au secret et sans jugement à Sanaa depuis 1995. »
Alkarama se réjouit de la libération des quatre Camerounais le 29 novembre 2010. Ils ont été remis à la Croix rouge internationale qui les a accompagnés vers l'aéroport durant la première partie de leur vol vers Yaoundé, la capitale du Cameroun. Ce sont les familles des quatre victimes qui ont du payer les billets de retour.
Entre temps Alkarama a pris contact avec Mouafo Ludo, l'un des ex-détenus, qui a rapporté qu'il avait été enlevé en mars 1995 et séquestré dans une cellule de 2m2 au sous-sol du centre de détention des services de la sécurité politique situé à Sanaa. Durant les premiers mois de sa détention, il n'a pas vu la lumière du jour, ne recevait qu'un repas et un litre d'eau par jour et était régulièrement battu. Un an après, quatre autres Camerounais ont été emprisonnés avec lui, toujours au sous-sol de ce centre de détention. Ils n'ont pas été autorisés à prendre contact ni avec leurs familles, ni leur ambassade ou un avocat. Ils n'ont jamais été présentés devant un juge.
Il a fallu attendre près de dix ans avant qu'ils aient pu faire sortir un message hors de ce centre par le biais d'un garde qui l'a transmis à un détenu qui devait être libéré. Celui-ci l'a remis à l'organisation Hood. Le 17 septembre 2005, le député Sakhr Ahmed Al Wajih, informé par Hood, a soulevé cette question en séance du parlement et a interpellé le ministre de l'intérieur, M. Rachad Al Alimi ; celui-ci avait alors reconnu publiquement et officiellement la détention de ces personnes.
A la suite de ce débat public sur leur sort, leur situation en détention s'est empirée. Ils ont été pendus par les poignets pendant deux jours, ont subi des électrochocs, M. Ludo est tombé dans un coma qui a duré 3 ou 4 jours. Les tortures ont perduré pendant un mois.
Ce n'est qu'en 2006 que quatre d'entre eux ont été extraits de leur cellule du sous-sol pour être incarcérés dans une cellule située à l'étage ce qui leur a permis pour la première fois de voir d'autres détenus. Ils ont toutefois encore du attendre quatre ans avant d'être libérés. Le cinquième détenu, Donatien Koagne est, selon ses codétenus, décédé en détention, probablement entre décembre 2009 et janvier 2010 après avoir été transféré à l'hôpital de Sanaa.
Les cinq hommes n'ont jamais été présentés devant un juge et leur détention n'a pas été reconnue officiellement. Leur libération fait suite aux pressions exercées notamment par les organes de l'ONU.Aucune enquête officielle n'a été engagée sur les circonstances de leur arrestation et détention et ils n'ont, à ce jour, pas obtenu d'indemnisations.
Alkarama se réjouit de cette libération mais continue d'être préoccupée par la détention arbitraire de centaines de personnes parmi lesquelles de nombreuses sont maintenues au secret.
Nous rappelons que le Comité des droits de l'homme examinera le rapport périodique du Yémen lors de l'année 2011. Alkarama prévoit de s'impliquer dans ce processus en lui présentant des informations et en soumettant un rapport alternatif.