Égypte : Anniversaire du Massacre de Rabaa - mettre fin à l'impunité

Le 14 août 2014 marque le premier anniversaire des massacres des places de Rabaa al-Adawiya et el-Nahda au Caire, qui ont coûté la vie à plus d'un millier d'égyptiens venus manifester de manière pacifique contre le coup d'État militaire du 3 juillet 2013.

À ce jour, aucune enquête n'a été menée par les autorités égyptiennes pour déterminer les responsabilités dans cette tragédie malgré la condamnation unanime des ONGs des droits de l'homme et d'une grande partie de la communauté internationale, bouleversée par l'ampleur d'un massacre qui marque d'une pierre noire l'histoire du pays.

Dans un communiqué envoyé le lendemain des massacres, La Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, Navy Pillay, avait dénoncé « l'usage excessif, même extrême, de la force contre les manifestants, » demandé l'ouverture d'une « enquête indépendante, impartiale, effective et crédible sur la conduite des forces de sécurité » ainsi que la traduction des coupables en justice.

Alkarama, qui avait documenté près de 1000 cas d'exécutions sommaires et communiqué la liste au Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions sommaires, avait également appelé la Haute commissaire aux droits de l'homme à saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies afin de lui demander de déférer ce crime de masse à la Cour pénale internationale conformément aux dispositions pertinentes du Statut de Rome de 2001.

« Il ne fait aucun doute pour notre organisation que l'intervention sanglante, disproportionnée et planifiée de l'armée et de la police égyptienne contre des manifestants pacifiques revêt toutes les caractéristiques juridiques permettant de conclure à un crime contre l'humanité au sens du droit international, » déclare Rachid Mesli, directeur juridique d'Alkarama.

Malgré les appels réitérés de diverses instances onusiennes et des ONGs des droits de l'homme, aucune véritable enquête n'a été menée à ce jour. Pour les familles et proches des victimes, il est même vain de continuer à espérer une attitude positive des autorités en raison de leur implication directe dans ce massacre.

Les familles des victimes et leurs avocats rappellent que c'est sous le commandement du général Sissi lui-même que les services de sécurité sont intervenus sur les deux grandes places publiques du Caire. Elles dénoncent également le fait que les principaux officiers ayant supervisé cette opération n'ont jamais été sanctionnés mais ont été promus à des fonctions supérieures.

Alkarama souligne que les États ont l'obligation de poursuivre, conformément à leurs obligations internationales, tous les responsables de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire, tout particulièrement celles constituant des crimes internationaux. Il est du devoir de l'Égypte d'enquêter sur ce massacre et d'apporter justice aux familles.

Nul pays ou dirigeant ne devrait bénéficier d'un traitement particulier, pour des considérations d'ordre politique, et se placer au dessus de la légalité internationale et des obligations auxquelles il a volontairement souscrit. Toutes les victimes, quelles qu'elles soient, devraient susciter la même considération de la part de la justice et obtenir réparation pour les violations de leurs droits fondamentaux. A ce titre, Alkarama continuera à œuvrer avec toutes les autres organisations de la société civile pour que les auteurs et les responsables de ce crime contre l'humanité, imprescriptible par nature, ne restent pas impunis.

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