Le 17 novembre, Alkarama a saisi le Comité des droits de l'homme (CDH) des Nations Unies du cas d'Ahmed Khalil Mahmoud Braih, l'un des fondateurs et des principaux dirigeants du Front Polisario, enlevé par des agents du DRS en plein centre d'Alger, la matinée du 6 janvier 2009.
La victime était chargée par le secrétariat général du mouvement de la question des droits de l'homme dans les camps de Tindouf, question sur laquelle il avait exprimé un profond désaccord avec les autres chefs du Polisario, notamment en raison des graves violations commises dans ces camps de réfugiés.
Ahmed Khalil s'était rendu à Alger au début du mois de janvier à la demande du secrétariat général pour donner une conférence à l'université d'Alger. Dans la matinée du 6 janvier 2009, et alors qu'il sortait de la représentation du Polisario, près du musée du Bardo au centre d'Alger, pour se rendre à l'Université, il a été forcé de monter dans un véhicule banalisé où se trouvaient des personnes en civil et fut emmené vers un endroit inconnu.
Restés sans nouvelles de lui, ses enfants se sont adressés les jours suivants aux responsables du Front Polisario pour s'enquérir de son sort sans obtenir ni réponse ni réconfort. Ce n'est que deux mois plus tard que l'un des dirigeants du mouvement à Alger les a informés de sa détention à la prison militaire de Blida, où celui-ci lui aurait rendu visite.
En dépit de leurs demandes et de leurs démarches, les enfants de Ahmed Khalil ne sont jamais parvenus à obtenir des informations sur les motifs de son arrestation et de sa détention ni auprès du Polisario ni de la part des autorités algériennes saisies de plusieurs courriers.
Ce n'est que deux années plus tard en avril 2011, après de multiples tentatives auprès du secrétaire général du Polisario que le fils aîné de la victime a pu obtenir de rendre visite à son père à la prison militaire de Blida où il s'est rendu accompagné d'un membre du Polisario.A cette occasion, le fils de la victime a pu s'entretenir avec lui une vingtaine de minutes sous une stricte surveillance de militaires algériens se contentant de lui donner des nouvelles générales de la famille. Il n'a cependant pu obtenir aucune information sur les raisons de son arrestation et de sa détention et sur une éventuelle procédure judiciaire devant le tribunal militaire, son père qui semblait inquiet et fatigué s'est contenté de lui dire qu'il n'avait pas d'avocat.
C'est la dernière fois qu'Ahmed Khalil a été vu par son fils qui est néanmoins revenu plusieurs fois à la prison militaire les semaines suivantes pour tenter de rendre de nouveau visite à son père et lui remettre des vêtements et des effets personnels. Il ne fut toutefois pas autorisé à le revoir, les militaires de garde à l'entrée lui ayant seulement affirmé qu'il pouvait laisser ces effets personnels et que ceux-ci allaient lui être remis.
Plusieurs proches de la famille de la famille de la victime ont continué à revendiquer sa libération sans obtenir aucune réponse mais en raison de leur insistance, ceux-ci ont fait l'objet de menaces et d'intimidations de la part des agents du Polisario et certains d'entre eux se sont même vus interdire de quitter les camps de Tindouf.
Découragé par l'attitude des dirigeants du Polisario et des autorités algériennes qui refusent après près de 8 années d'éclaircir le sort de son père, Rachid Khalil a saisi le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI). En dépit de la demande formelle transmise par cette procédure de l'ONU aux autorités algériennes, celles-ci refusent toujours de donner les raisons de la détention au secret de Ahmed Khalil.
Ce recours à l'ONU a valu aux membres de la famille du disparu d'être à nouveau menacés de représailles par des membres de l'exécutif du Polisario qui persistent à leur promettre de régler le problème « de manière officieuse avec les autorités algériennes à condition qu'ils cessent toutes démarches à l'étranger». En désespoir de cause, plusieurs enfants de la victime ont été contraints de fuir les camps de Tindouf et de demander l'asile en Europe par craintes de représailles.
Mandatée par la famille de M. Ahmed Khalil, Alkarama a soumis son cas au Comité des droits de l'homme afin que celui-ci appelle les autorités algériennes à respecter leurs engagements internationaux de respecter les droits de l'homme dans le pays et à le libérer ou, en tout état de cause, de faire la lumière sur son sort.
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