Communiqué du Conseil de la Fondation Alkarama
Le Conseil de la Fondation Alkarama s'est réuni suite à l'annonce du département du trésor américain de sa décision de qualifier Dr Abd al-Rahman Omair Alnaimi, président du Conseil, comme "terroriste international spécialement désigné".
Le Conseil prend acte de cette annonce et étudie toutes les mesures à prendre pour faire face à cette situation.
La Fondation Alkarama continuera à mener son travail avec sérieux, professionnalisme et dans le respect des valeurs et principes qui l'ont toujours guidée dans sa mission de défense et d'assistance de toutes les victimes de violations des droits de l'homme dans le monde arabe.
p. Le Conseil,
Abbas Aroua
24 décembre 2013
Annexe : Communiqué de Dr Abd al-Rahman Omair Alnaimi
Le département du trésor américain a rendu public un communiqué dans lequel il me qualifie de "terroriste international spécialement désigné" (http://www.treasury.gov/press-center/press-releases/Pages/jl2249.aspx).
Le communiqué me présente comme un "financier terroriste et animateur qui a fourni de l'argent et du soutien matériel et de communication à al-Qaïda et ses affiliés en Syrie, en Irak, en Somalie et au Yémen pendant plus d'une décennie".
Je tiens à travers le présent communiqué à démentir toutes ces accusations infondées qui visent à me réduire au silence en raison de mon opposition publiquement déclarée à la politique américaine dans le monde arabe et dans les pays du Golf en particulier depuis l'invasion de l'Iraq en 2003.
Oser aujourd'hui dénoncer l'occupation et les violations des droits des peuples de la région peut conduire à ce genre d'accusations mais je proclame haut et fort que je continuerai à revendiquer mon droit à exprimer librement mes opinions politiques dussent-elles déplaire à certains et à activer avec honneur et dans le respect du droit international qui continue par être bafoué de manière flagrante par ceux qui m'accusent.
Je me pose aussi la question de savoir pourquoi, si les autorités américaines, comme elles l'affirment dans leur communiqué, avaient des choses aussi graves et depuis aussi longtemps - une décennie - à me reprocher, elles n'ont pas agi auparavant. Le fait que mon nom soit associé à une autre personne du Yémen, M. Humaikani, fondateur d'un important parti politique dans ce pays, lui aussi cité dans le même communiqué et visé par les mêmes sanctions, me laisse croire que c'est probablement le remarquable travail légal qu'a conduit l'organisation Alkarama sur les assassinats ciblés au Yémen conduits par les USA qui ont déclenché cette réaction des autorités US contre moi. Il y a 2 semaines j'ai participé à la cérémonie de remise du prix Alkarama 2013 pour les défenseurs des droits de l'homme à un journaliste yéménite, M. Shaye, emprisonné pendant 3 années sur pression des USA parce qu'il avait dévoilé au monde les effets réels d'une de ces attaques américaines: 14 femmes et 21 enfants déchiquetés par les missiles US.
Ce genre de sanctions décidées pour motivations politiques par les autorités US ne sont pas nouvelles et de nombreuses personnes ont déjà été accusées à tort avant d'être blanchies après avoir souffert pendant de longues années de sanctions injustes. Il est scandaleux de voir que, de nos jours encore, toute personne qui, dans le Monde arabe, mène un travail humanitaire et de défense des droits de l'homme mais exprimant des opinions politiques jugées « non correctes », non pas parce qu'elles bafouent des principes universels, mais seulement parce qu'elles ne s'opposent à des politiques de répression risquent fort de se voir taxées de « soutenir le terrorisme ».
Mon combat pour les droits humains et la défense des victimes de violations m'a déjà valu d'être considéré depuis plusieurs années "persona non grata" par les régimes répressifs de la région.
Je mènerai mon combat contre cette injustice devant toutes les instances légales, y compris aux USA, tout comme je reste disposé à parler aux autorités de ce pays et lever des soupçons qui, j'en suis convaincu, sont alimentées en grande partie par des régimes répressifs de la région.
Abd al-Rahman Omair Alnaimi
24 décembre 2013