Garidi Hamidou, 76 ans, n'a jamais raté l'une des manifestations pacifiques qu'a connu Alger depuis le 22 février 2019. Il est le frère du martyr de la révolution de novembre 1954, Mohamed Garidi dont un quartier d'Alger porte le nom.
Comme chaque vendredi et pour la trentième fois, il se dirigeait, accompagné de voisins et connaissances de ce quartier populaire d'Alger vers la station de métro de Badjarah pour se rendre au centre d'Alger.
A l'entrée de la station, une quinzaine de policiers en tenue réglementaire l'ont interpellé avant de l'obliger à monter dans l'un des véhicules de police stationnés à proximité.
Dès que son fils, qui a vainement tenté de le joindre par téléphone a connu la nouvelle de cette arrestation, s'est rendu au commissariat de police du quartier de Badjarah où les policiers lui ont affirmé qu'il avait effectivement été arrêté et transféré au commissariat de Bab Ezzouar distant d'une dizaine de kilomètres.
Garidi Hamidou a effectivement placé en garde à vue et son fils a pu le voir, discuter avec lui pendant environ 5 minutes et lui remettre de la nourriture et des médicaments.
Le lendemain samedi, son fils s'est de nouveau rendu au commissariat de Bab Ezzouar où les policiers ne l'ont pas autorisé cette fois à le voir mais ont néanmoins accepté de prendre le panier de nourriture en l'assurant qu'il serait libéré ou présenté le lendemain au tribunal.
Le lendemain dimanche n'ayant pas eu de nouvelles de son père au tribunal de Sidi M'hamed ou M. Garidi aurait dû être présenté, son fils s'est de nouveau rendu au commissariat de Bab Ezzouar où on lui a affirmé qu'il n'y était pas détenu et qu'il avait été « emmené » sans lui préciser ni par quels services ni les raisons ni le lieu où la victime avait été emmenée.
Pendant deux jours consécutifs la famille de Garidi Hamidou a sillonné tous les tribunaux de la région mais en vain. A la prison d'El-Harrach où ont été emmenés la plupart des manifestants on leur a également affirmé qu'aucun détenu de ce nom n'avait été récemment admis et tous les avocats contactés par la famille ont confirmé que Garidi Hamidou n'avait pas été présenté devant le tribunal d'Alger.
Alkarama qui partage la vive inquiétude de la famille de Garidi Hamidou a saisi aujourd'hui en urgence le Groupe de travail sur les disparitions forcées de l'ONU pour lui demander d'appeler les autorités algériennes, placées de fait sous l'autorité du chef d'état-major de l'armée depuis la destitution du président Bouteflika, à libérer Garidi Hamidou dans les meilleurs délais et en tout état de cause de le placer sous la protection de la loi.
Alkarama, 17/09/2019