Osama Mohsen Hussein et Mohamed Mohsen Hussein Al Saadi ont été arrêtés le 13 octobre 2007 à leur domicile familial et emmenés vers une destination inconnue, alors qu'ils étaient respectivement âgés de 14 et 17 ans. Leur famille est restée sans nouvelles d'eux pendant près de deux mois, avant d'être autorisée à leur rendre visite une fois par semaine. Ce n'est que quatorze mois plus tard, le 3 janvier 2009, que les deux frères sont présentés à la Cour de sécurité d'Etat, et non à la Cour pour mineurs comme le droit l'exigerait, et accusés d'appartenir à une organisation terroriste. Mohamed a été condamné à sept ans de prison, Osama, à deux ans.
Saisi de cette situation, le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) a adopté le 3 mai 2011 l'avis 5/2011 confirmant les termes de la communication d'Alkarama du mois de mars 2010 sur le caractère arbitraire de la détention des frères Al Saadi.
M. Osama Al Saadi devait être libéré le 13 octobre 2009, après avoir purgé sa peine de deux ans. Il est cependant toujours détenu à ce jour, de même que son frère Mohammed.
Dans l'avis 5/2011, les experts onusiens ont estimé que la détention sans procès durant quatorze mois des frères Al Saadi, leur jugement devant une cour incompétente et la poursuite de leur peine sans raison évidente viole aussi bien le droit national que les conventions internationales, et considère que « pour qu'une détention respecte les principes internationaux des droits de l'Homme, elle se doit en premier lieu de respecter le droit national ». Ils ont ajouté qu'au regard de ce cas, « le problème n'est pas tant l'adoption d'une législation nationale appropriée que le respect effectif de celle-ci dans la pratique courante du droit au Yémen».
En conclusion, le groupe de travail des Nations Unies a estimé que la privation de liberté de MM. Osama et Mohamed Al Saadi est arbitraire, conformément aux catégories I et II du groupe de travail, en ce qu'elle s'est faite en violation du droit national et des articles 9 et 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques.
A l'occasion de cette décision, les experts de l'ONU ont considéré que les frères Al Saadi pouvaient clairement bénéficier d'une indemnisation, prévue par l'article 9§5 du Pacte international sur les droits civils et politique, et que les raisons de leur détention ne pourraient justifier un refus de celle-ci.
Alkarama a mis en place une structure chargée du suivi des décisions et recommandations rendues par les différentes instances onusiennes ; ce cadre permettra à notre organisation de suivre d'une manière efficiente la mise en œuvre par les Etats concernés de ces Avis et autres recommandations.